LA GRANDE GUERRE 1914-1918

LA GRANDE GUERRE ANNÉE 1915

 1915

 

Un calendrier de voeux pour 1915. Au début de l’année, l’Alliance est encore forte, et les Franco-Britanniques en particulier peuvent espérer percer dans le nord de la France.

JANVIER 1915

DES ZEPPELINS SUR LONDRES

Le 19 janvier 1915: pour la première fois les Allemands lancent un raid de Zeppelins sur Londres. Cet acte de représailes répond à l’attaque commandée par Churchill, et menée par les hydravions britanniques, dans la nuit du 25 au 25 décembre, contre les hangards de dirigeables de Nordholz.

Capables de naviguer plus de vingt heures, les Zeppelins, armés seulement de deux mitrailleuses Maxim, peuvent larguer ordinairement chacun six obus de 203 mm. La division des aéronefs de la marine a misé sur ces engins pourtant vulnérables en raison de leur rayon d’action.

De fait, le L3 du lieutenant Hans Fritz, le L4 du comte Magnus von Platten-Hallermund, le L6 du baron Treutsch Buttlar von Brandenfels survolent l’estuaire de l’Humber et la Tamise, vingt-quatre bombes sont lancées: quatre tués et neuf blessés dans la population civiles, 8 000 livres sterling de dommages matériels. Des torpilles sont tombées dans le parc du château de Sandringham, résidence royale du Yorkshire. A-t-on voulu tuer le roi ?

L’opinion anglaise s’indigne et s’inquiète. Une section de défense mobile est mise en place sur les côtes de l’East Anglia. Désormais, les raids de zeppelins se multiplient, commandés par le vice-amiral Bachmann. L’empereur Guillaume II a du s’y résoudre.

Hangard pour Zeppelins en Allemagne

Les bases des zeppelins allemands. Elles sont installées principalement en Allemagne, mais les terrains de Bruxelles et Maubeuge sont très utiles pour toucher Paris ou Londres.

Le raid du 19 janvier sur l’East Anglia. Il tue quatre civiles et en blesse neuf. Parmi les victimes quatre femmes et quatre enfants. Une bombe tombe à King’s Lynn, détruisant deux maisons et tuant Percy Doate, une vieille dame, et Mrs, Gazeley, une veuve de guerre.

JANVIER-FÉVRIER 1915

LES TURCS ATTAQUENT À SUEZ

Janvier 1915: une armée turque s’avance vers le canal de Suez. Les troupes se sont lentement concentrées en palestine et en Syrie: des Arabes, ancadrés par les Turcs, bientôt rejoints par des fantassins d’Anatolie et conseillés par l’Allemand Kress von Kressenstein.

Les soldats ont franchi dans la souffrance les 300 kms de désert, avec dix jours de vivres et d’eau. Le départ a été donné par Djemal Pacha, le 21 novembre. Au début de décembre, les avions français Nieuport ont repéré les colonnes à 50 kms du canal. En janvier, mois relativement frais, les Turcs et les Arabes ont continué leur marche forcée de nuit, se cachant le jour pour échapper aux hydravions anglais.

Fin janvier, les Turcs sont à 8 heures du canal, sur la route d’El-Arish. Les imams les appelent au combat. Les affrontements avec l’armée des Indes commencent le 26 janvier. Les navires de guerre bombardent l’infanterie turque, qui se rue à l’assaut le 2 février. Mais la solide armée indienne les arrête, secondée par les tirs d’artillerie. Les Turcs doivent ordonner la retraite : ils ne prendront jamais Suez.

Le 18 décembre 1914, les Britanniques déposent le khédive d’Égypte, Abbas Hilmi, et le remplacent par son oncle Hussein Kamil, plus sûr. Deux jours plus tard, les troupes khédivales, désormais fidèles, défilent devant les chefs anglais.

Du 27 janvier au 14 février, Indiens et Turcs s’opposent sur le canal. Les Turcs, ici mitraillés par les Indiens, tentent en vain d’établir des ponts le 2 février. Seuls quelques hommes passent à la nage. De plus, le soutien d’artillerie est très imprécis.

Du 27 janvier au 14 février, Indiens et Turcs s’opposent sur le canal. Les Turcs, ici mitraillés par les Indiens, tentent en vain d’établir des ponts le 2 février. Seuls quelques hommes passent à la nage. De plus, le soutien d’artillerie est très imprécis.

Leur camp d’Abbassia près du Caire, dont les tentes coniques évoquent les pyramides toutes proches

JANVIER-FÉVRIER 1915

LA FLOTTE ALLIÉE DEVANT DARDANELLES

La guerre coûte chaque semaine à l’Angleterre autant d’argent qu’une année de paix. Aussi le gouvernement Asquith fini-t-il par admettre la thèse de Churchill: rechercher la décision en forcant les détroits des Dardanelles, pour couper l’Allemagne de son allié turc, entraîner dans la guerre l’Italie, la Bulgarie et la Roumanie, menacer l’Autriche-Hongrie.

La décision est prise par le War Council le 29 janvier: le 19 février, la Navy bombarde les forts d’accès aux Dardanelles pendant un quart d’heure, pour tester leurs défenses. Une grande flotte se concentre, venue de toutes les mers du monde : le navire le plus moderne est le Queen Elizabeth, véritable star des mers avec ses huit canons de 380 mm. Dix cuirassés démodés, mais fortement dotés de pièces d’artillerie, accompagnés de dragueurs de mines, de croiseurs légers, de torpilleurs et de sous-marins se rassemblent, rejoints par les quatre cuirassés français de l’amiral Guépratte.

L’expédition est commandée par l’amiral anglais de Robeck. Il a reçu de Churchill, premier Lord de l’Amirauté, des instructions fermes : Sous aucun prétexte on ne renoncera à l’attaque contre Constantinople.

Le 25 mai 1915, le sous-marin Britania E11 coule le transport de munition Stamboul en rade de Constantinople, provoquant la panique dans la capitale turque.

Le 25 mai 1915, le sous-marin Britania E11 coule le transport de munition Stamboul en rade de Constantinople, provoquant la panique dans la capitale turque.

Le sous-marin français Turquoise. Elle force les Détroits le 20 octobre, mais se prend dans les filets anti-sous-marins. Le lendemain, elle tombe aux mains des Turcs.

La victime du chasseur : Le cuirassé Turc Messudiyeh, coulé par le B11 le 13 octobre 1915. Le sous-marin britannique B11 lancé en 1914. Porteur de 16 hommes et de deux tubes lance-torpilles de 18 pouces, il file à 8,5 noeuds en plongée.

MARS 1915

LES CERCUEILS CUIRASSÉS DES DARDANELLES

Le 18 mars 1915, les cuirassés lourds britanniques et français s’approchent des Dardanelles, défendues par l’artillerie lourde allemande. Servie par des artilleurs turcs, sous la direction de pointeurs d’officiers allemands, elle est aux ordres du général Liman von Sanders, conseiller militaire du gouvernement ottoman.

Les pièces des forts ont été renforcées par des obusiers lourds. Des mines flottantes ont été lancées dans le courant. Des chaînes empêchent l’accès aux Détroits. Une division d’infanterie, tapis dans les ravins, est chargée d’empêcher tout débarquement. Trois des quatre cuirassés de l’amiral Guépratte sont coulés. Le Bouvet sombre en 56 secondes avec 642 hommes à bord, le Gaulois s’échoue, le Suffren est hors de combat. Les Anglais onr perdu l’Irresistible et l’Océan. L’Inflexible et l’Agamemnon sont incapables de tenir la mer. Les Turcs ont gagné: 8 canons sur 76 seulement ont pu être détruits par les Alliés. L’amiral de Robeck décide d’abandonner l’opération: sa réussite nécessite l’intervention des troupes de terre.

La fin du Bouvet le 18 mars, vue par un officier du croiseur britannique Triumph. A 14 heures, le cuirassé français est touché à tribord par une mine. Sous la violence du choc, le navire prend immédiatement de la gîte.

La flotte alliée vue depuis le Bouvet. Au premier plan, un double 305 mm.

Une minute plus tard, le Bouvet sombre. Près de 600 hommes, coincés dans la coque qui se disloque, sont pris au piège.

MARS-MAI 1915

LE DÉBARQUEMENT DE GALLIPOLI

Les Alliés ne peuvent pas rester sur l’échec des Dardanelles, en raison du retentissement de leur défaite dans le monde musulman, Ils décident de faire débarquer un corps expéditionnaire britannique, sous les ordres du général Ian Hamilton, un ancien de la guerre des Boers, renforcé de quelques régiments français commandés par d’Amade.

Le 25 avril, les Français de la division Bailloud réussissent à prendre pied, grâce au sacrifice des troupes coloniales, sur la rive asiatique des Détroits, mais les Anglais ne peuvent se rendre maîtres que des plages sud de la rive européenne, aux prix de combats acharnés, Il faut envoyer cinq divisions en renfort pour permettre d’élargir et d’approfondir le front. Les Anzac du général Birdwood (troupes australiennes et néo-Zélandaises) s’embusquent dans les rochers de Gaba-Tépé, les marins échouent sur une plage du sud le vieux charbonnier River Clyde pour s’y abriter pendant le débarquement.

Il faut beaucoup plus de 30 000 hommes pour s’emparer de la presque’île de Gallipoli, creusée de ravins, couverte de ronces et dépourvue de puits. A Londres, le 18 mai, le gouvernement chancelle, contraint Churchill à démissionner: est-ce la fin du rêve d’Orient?

Moudros, sur l’île de Loemnos, le 23 avril 1915, veille de l’embarquement pour les Dardanelles. Au premier plan, le camp des zouaves; derrière, la flotte alliée. 

(Gauche) un transport de troupes aux Dardanelles, (droite). Le débarquement du matériel. Un véritable pont de péniches s’organise, et sur la plage une ville de tentes.

25 avril, la plage V, sous le feu du fort de Seddul-Bahr. A l’intérieur du transport blindé River Clyde, volontairement échoué, les soldats irlandais attendent le soir pour contre-attaquer, le 26 avril, les lignes turques sont entre leurs mains.

Les opérations des 25 et 26 avril. Au premier plan, les débarquements réussis sur les plages W, V (Seddul-Bahr) et S. Sur la gauche, la plage Y (au second plan), évacuée dans la panique, et tout au fond, la plage Z, où Australiens et Néo-Zélandais affrontent Mustapha Kemal.

MAI 1915

LES ITALIENS PARTENT EN GUERRE

Les Italiens souffrent de la présence militaire de L’Autriche-Hongrie dans l’Adriatique et protestent périodiquement contre l’agression des navires de pêche et de commerce par les sous-marins de la base autrichienne de Pola. Mais, depuis 1914, le gouvernement italien reste fidèle à la politique d’égoïsme sacré du premier ministre Salandra.

La surenchère diplomatique des Alliés et des Empires centraux fait pencher l’Italie, en 1915, vers le plus offrant. Par le traité secret de Londres, signé le 26 avril 1915, elle s’engage à entrer en guerre, uniquement contre l’Autriche-Hongrie, pour obtenir le Tyrol italien, Trieste, les îles et certains points de la côte adriatique. Elle obtient aussi l’aide des Français en matériel militaire.

Le 20 mai, le Parlement italien a voté les crédits de guerre. Une armée de 37 divisions va se porter immédiatement sur le front des Alpes pour affronter les unités austro-hongroises. L’engagement de l’Italie élargit encore la carte de guerre au sud de l’Europe. Le commandement italien ne manque pas de troupes spécialisées dans la guerre en montagne, les Alpini, et d’une marine de guerre qui renforcera les escadres alliés de Méditerranée.

Salandra, chef du gouvernement italien. (Bas), la foule des interventionnistes à Milan, au cours de la manifestation du 13 mai pour l’entrée en guerre. Ils se réunissent symboliquement devant le monument dédié aux cinq journées des 18-22 mars 1848, au cours desquelles les Piémontais ont chassé l’occupant autrichien.

Après la mobilisation du 21 mai, les étudiants italiens se rendent aux casernes pour s’enrôler, en cortège et drapeaux déployés.

AVRIL 1915

LES GAZ ASPHYXIANTS

Le 22 avril, pour la première fois les Allemands utilisent des gaz asphyxiants sur les fronts de Steenstraate et de Langemarck. Ils ont disposé des tubes à gaz en raison d’une batterie tous les 40 mètres, en attendant les vents favorables pour vider les bombonnes placées à l’avant des tranchées. L’ensemble de la 45e division française recule, les hommes suffoquent, toussent, titubent, tombent. Des zouaves et des canadiens interviennent, un linge humide sur le visage. On transporte au front les appareils respiratoires des pompiers de Paris. On distribue des lunettes en fil de fer modelables et les premiers masques arrivent enfin. Ils ne seront assez nombreux qu’en avril 1916.

Au printemps 1915, l’armée française a perdu 130 000 combattants dans les l’offensives sans résultats en Artois et en Champagne. Les Éparges sur les Hauts-de-Meuse, L’Hartmannswillerkkopf en Alsace, le plateau de Laurette en Artois ou, en Laurenne, Bois–le-prêtre-que les Allemands appellent le bois-des veuves, sont le lieu d’affrontements sanglants. Si les Allemands emploient les gaz asphyxiants, c’est pour décourager les offensives alliées à l’ouest, parce qu’ils ont transporté à l’Est leurs divisions d’attaque.

Les masques anglais, tels que distribués au Bois Grenier (secteur au sud dArmentières) le 20 mai 1915, Ces compresses de coton et de tissu, imbibées d’eau (car la chlorine est soluble dans l’eau), n’offrent qu’une maigre protection.

Les premiers masques français sont aussi inefficaces que leurs homologues anglais. Le Miroir, qui publie ce cliché le 9 octobre 1915, titre pourtant (Nos soldats se rient des gaz asphyxiants).

Soldats allemands pendant une attaque allemande aux gaz dans les Flandres. Dès le 25 septembre, à Loos, les Britanniques à leur tour utilisent ce poison. À la Chlorine, le gaz du 22 février, succèdent des agents plus toxiques: phosgène, disphogène de Verdun et surtout, en 1917, l’ypérite ou (gaz moutarde), une arme qui provoque des souffrances atroces et qu’aucun masque ne saurait arrêter.

JUILLET 1915

LA DÉROUTE DU GRAND DUC NICOLAS

Falkenhayn retourne ses divisions d’assaut contre la Russie dès février 1915. Deux armées allemandes venues de Prusse-Orientale réusissent à encercler un corps russe dans la forêt d’Augustow: 100 000 prisonniers en quelques jours. La tempête de neige empêche cette bataille d’hiver des lacs Mazures de tourner en triomphe allemand. Le 22 mars, sur le front de Galicie, la prise de Przemysl aux Autrichiens permet au tsar Nicolas II d'oublier pour un temps Augustow.

Mais, au printemps, Falkenhayn lance quatorze divisions fraîches pour écraser l’armée russe, pendant que les Autrichiens attaquent entre la Vistule et les Carpates. En juin les Austro-Allemands commandés par Mackensen reprennent Przemysl, puis Lemberg, chassant les Russes de Galicie.

Hindenburg et Ludendorff attaquent en juillet au sud les lacs Mazures, vers Varsovie, Leur succès est complet: le grand-duc Nicolas doit évacuer la Pologne et reculer jusqu’à Brest-Litovsk. Hindenburg enlève la ligne du Niémen, pousse jusqu’à la Berezina. L’arrivée de l’hiver ramène le calme sur ce front. Les Russes ont reculé de 150 km et perdu la moitié de leur armée. Mais les Allemands n’ont pas réussi à leur imposer la capitulation. Les survivants des armées du grand-duc Nicolas se sont dérobés.

La tsarine au front, en août 1915. Elle distribue des cadeaux aux hommes du 15e régiment de dragons.

La chute de Przemysl en Galicie, le 22 mars 1915, vue par un témoin direct. Six mille Autrichiens se rendent aux Russes, portant à 17 000 le nombre des prisonniers.

Devant Vilna (Lituanie), en eptembre 1915, la fatigue des visages allemands, leurs uniformes bigarrés, disent assez la dureté des combats en Pologne et en Russie. Pourtant, le 19 septembre, les Russes doivent évacuer Vilna.

AOÛT-SEPTEMBRE 1915

L’ENFER DE GALLIPOLI

Le général Hamilton veut en finir avec les Turcs. Mais ses attaques de mai, celles du général Gouraud en juin ne sont pas heureuses: les morts français s’accumulent dans le ravin de Kérévès-Déré, au pied du mont Achi Baba.

Dans la nuit du 6 au 7 août, une grande opération est lancée dans la baie de Suvla, au nord-ouest de la pénimsule: 40 000 Britanniques escaladent les rochers et se font tués par les Turcs de Mustapha Kemal. En dépit des sacrifices des Australiens, Hamilton doit reconnaître qu’il est impossible de s’emparer de Gallipoli. Les turcs sont trop nombreux, trop bien retranchés, les tirs de l’artillerie allemande se révèlent d’une redoutable efficacité.

Mustapha Kemal réussit à chasser les Australiens de Sari-Baïr. Quarante-cinq mille soldats britanniques sont hort de combat. L’affaire des Dardanelles se termine mal. Si les Alliés restent sur place, c’est pour ne pas perdre la face. Pendant l’été, les hommes sont morts par milliers ou évacués sur les navires hôpitaux en raison des épidémies de dysentrie ou de paludisme. L’expédition a coûté 145 000 hommes sur les 450 000 envoyés successivement en renfort. C’est un désastre.

L’échec Alliés du 6 au 8 août: à gauche, Liman von Sanders tient les Alliés en place; au centre, Mustapha Kamel massacre les Anzac à Sari-Baïr; à droite, le débarquement de la baie de Suvla ent contenu par les renforts turcs.

Mustapha Kemal

1881-1938

Mustapha Kemal, le chef de la 19e division turque bloque les Anzac à Sari-Baïr dès avril 1915, les empêchant de quitter la péninsule de Gallipoli.

Un Anzac donne à boire à un blessé turc. La soif tenaille tous les combattants alliés comme turcs. Mais les Australiens souffrent moins du climat que les Irlandais et les Anglais

(Good-bye to Gallipoli) : lors de l’évacuation de décembre 1915, le casque coloniale d’un Tommy sert à narguer une dernière fois les Turcs.

Au matin du 9 janvier 1916, le cuirassé anglais Cornwallis tire les dernieres bordés contre les batteries turques. Protection des ultimes évacués des Dardanelles ou geste de rage impuissante, après une offensive dont le seul succès réside dans l’organisation de la retraite ?

MAI-OCTOBRE 1915

LES OFFENSIVES MALHEUREUSES DE JOFFRE

Pour aider les Russes, Joffre lance pendant l’été et l’automne 1915 une série d’offensives malheureuses sur le front occidental. Elles se soldent par des pertes de 250 000 hommes, tués blessés et disparus.

Premier échec en Artois, le 9 mai : Pétain perce les lignes allemandes sur 6 km mais les renforts arrivent trop tard pour exploiter le succès. Une nouvelle attaque, lancée le 18 juin, est recue par un feu d’enfer : les Allemands prévenus, se sont organisés. Joffre croit encore que la percée est possible, Il rameute les divisions de réserve, lance le 25 septembre une offensive en Champagne avec une action secondaire en Artois, à laquelle participent les Britanniques. Les troupes qui s’avancent dans les lignes allemandes sont encerclées et doivent rejoindre leurs positions de départ.

Une dernière offensive est lancée le 5 octobre en Champagne. Elle échoue également. Il est clair, des lors, que la rupture du front ne peut être obtenue à l’Ouest en raison de la solidité des fortifications de campagne allemandes. Joffre doit finalement se résigner à la défensive.

Cadavres allemands dans une tranchée de Champagne. Les Allemands subissent de lourdes pertes dans les offensives de Joffre, même celles des Français sont trois fois supérieures.

Dans le Nord : des blessés anglais gagnent un poste de secours. La 1re armée d’Haig a attaqué en septembre, vers Lens, y perdant 60 000 hommes.

Roclincourt, au nord d’Arras, pendant la bataille d’Artois en juin 1915 : deux soldats du 90e régiment d’infanterie emmènent au poste de secours le cadavre de leur lieutenant, tué d’une balle dans la tête. Ils utilisent la chaise spéciale pour boyaux étroits.

JUILLET-OCTOBRE 1915

LES MALHEURS DES ITALIENS DANS LES ALPES

L’attaque des italiens sur les Alpes devait soulager l’armée russe de Galicie. On escomptait que les Austro-Hongrois prélèveraient des forces sur ce front pour faire face dans la vallée de l’Isonzo ou dans le Trentin aux 37 divisions italiennes. On poussait les Serbes à soutenir l’attaque italienne. Furieux des revendications de Rome sur l’Adriatique. Ils se faisaient tirer l’oreille et restaient sur leurs positions. On s’attendait à l’entrée en guerre de la Roumanie aux côté des Alliés, qui aurait obligé les Autrichiens à intervenir en Transylvanie. Mais la Roumanie restait neutre.

Dans ces conditions, les Italiens attaquaient seuls, avec courage, mais les fronts difficiles des vallées alpines où il suffisait de deux divisions autrichiennes bien retranchées et dotées d’une artillerie de montagne efficace pour repousser tous les assauts.

L’offensive du 18 juillet, sur le Carso, était un échec sanglant, sans résultat appréciable. Celle du 18 octobre ne parvint pas à prendre Gorizia. Les 200 000 hommes mis en ligne désespéraient d’aboutir. Ils n’avaient pas recu, pour leurs attaques, de soutien efficace de l’artillerie. L’armée italienne ne pouvait créer la surprise. Pour les Alliés, elle risquait de devenir un poids.

Dans le Nord: des blessés anglais gagnent un poste de secours. La 1re armée d’Haig a attaqué en septembre, vers Lens, y perdant 60 000 hommes.

La guerre en montagne cause de grandes difficultés aux deux camps. Les Italiens, déjà confrontés sous-équipés, ont le plus grand mal à acheminer tant les canons que les blessés. Ces infirmiers italiens dans le tentin ont du mal à faire passer un brancard sur un chemin de montagne. Que dire du passage des canons, qui nécessitent des systèmes complexes de poulies et les efforts surhumains des hommes et des bêtes ?

 

Le 29 octobre, l’aviation autrichienne bombarde Venise, détruisant notamment le plafond de l’église des Scalzi, peint par Tiepolo.

Des Autrichiens ataquant à la baïonnette dans les Alpes.

SEPTEMBRE-DÉCEMBRE 1915

L’AGONIE DES SERBES

En promettant à la Bulgarie des provinces peuplées de grecs, de Serbes et de Roumains, les Austro-Allemands réussissent à l’entraîner dans la guerre. Le 6 septembre 1915, le tsar Ferdinand de Bulgarie promet d’aligner contre les Serbes, en quinze jours, quatre divisions. Le 23 septembre, il mobilise. Le 5 octobre, il entre en guerre. Mackensen réunit 330 000 Allemands, l’Autrichiens et Bulgares, et attaque la Serbie sur deux fronts.

Livrés à eux mêmes, sans secours alliés, les 250 000 Serbes ne peuvent empêcher les Allemands d’occuper Belgrade le 8 octobre, ni les Bulgares d’attaquer le centre ferroviaire de Nis. Ils doivent battre en retraite vers le sud, pour ne pas être encerclés. Les 65 000 Français et les 15 000 Britanniques, enfin débarqués à la fin d’octobre, ne peuve remonter la vallé du Vardar au-delà de la Cerna. Ni prêter secours à l’armée serbe.

Il ne reste aux Serbes qu’à faire retraitre vers l’ouest, vers l’Adriatique, à travers les montagnes enneigées d’Albanie, à partir du 23 novembre, Cette marche est un véritable martyre pour le vieux roi Pierre et ses soldats, qui meurent de froid et de faim, avant d’être tardivement recueillis par les Alliés dans les ports de l’Adriatique et dirigés sur l’île de Corfou.

Un blessé monténégrin évacué vers Cetinje, la capitale.

Sur la calotte d’un porteur, les initiales cyrillitiques HI, soit NI en caractères latins, pour Nicolas 1er, roi du Monténégro.

La détresse des Belgradois, attendant à la gare le train qui les évacuera. Du 5 au 8 octobre, les bombardements austro-allemands ont pris une ampleur sans précédent. C’est une capitale ruinée que les Serbes abandonnent.

Vaincu, le voïvode Putnik passe le dernier pont des Vizirs en Albanie, sur le Drin blanc. Déjà son souverain, Pierre 1er avait dû traverser à pied. Le généralissime serbe, malade, se fait porter dans une chaise improvisée. Brisé, il démissionnera et ira s’éteindre à Nice.

Après leur victoire, Guillaume II et Ferdinand de Bulgarie se retrouve à Nis le 18 janvier 1916. Le Kaiser (à gauche) s’entretient avec un général bulgare. Le roi (à droite) s’entretient avec Falkenhayn. Il tient le bâton de maréchal de l’armée prussienne offert par son homologue.

DÉCEMBRE 1915

LE CAMP RETRANCHÉ DE SALONIQUE

Deux divisions françaises tentent avec difficulté de se maintenir sur le front de la Cerna et de tenir la vallée du Vardar. Après le désastre serbe, elles n’ont plus de raison de poursuivre leur marche en avant. Elles ont évacué Gallipoli en même temps que les Britanniques, en partie le 30 septembre, en totalité du 10 décembre au 9 janvier 1916.

À Salonique, elles subissent l’accueil réservé et même hostile du roi de Grèce, le germanophile Constantin. Du camp retranché de Salonique, il est difficile d’organiser les liaisons vers le front, avec une seule ligne de chemin de fer saturée. Le ravitaillement est désastreux, les moyens dont dispose le général Sarrail, qui commande le corps expéditionnaire, très insuffisants

Quand les gouvernements alliés décident de maintenir le corps à Salonique, le 11 décembre, des renforts sont expédiés de Marseille et d’Égypte. Il n’est plus question de se maintenir à Salonique, en attendant l’offensive germano-bulgare. Les soldats francais qui ont perdu tant des leurs sur la Cerna doivent refluer dans le camp de Salonique et y creuser des tranchées pour passer l’hiver.

L’offensive allemande ne vient pas. Falkenhayn a changé ses plans. Il préfère retenir les Alliés à Salonique que de les voir rapatrier leurs forces vers le front de france.

Le port de Salonique vu d’avion. La vieille ville devient rapidement un des ports les plus actifs de la guerre.

 

Le débarquement de Salonique, en octobre: des Zouaves amènent leurs chevaux à terre. Les coloniaux francais recoivent un accueil parfois mitigé de la population grecque, que travaille en ce sens la propagande allemandes.

Le débarquement de Salonique, en octobre: des Zouaves amènent leurs chevaux à terre. Les coloniaux francais recoivent un accueil parfois mitigé de la population grecque, que travaille en ce sens la propagande allemandes.

En décembre, les Français se retirent du plateau de la Cerna sur Salonique. Ce mouvement sans gloire les sauve de leurs pires ennemis pendant la campagne: la neige et surtout le froid (jusqu’à moins 18 degrés).

Le camp français de Zeittenlick, devant les murailles de Salonique, en octobre. Les zouaves, au premier plan, ne bénéficient que des tentes-abris et de grandes tentes coniques. Les baraquements viendront plus tard.

Salonique devient vite une véritable Babel: On y croise aussi bien des Anglais et des marins russes.

Des Annamites à motocyclette et des francais.

FIN 1915

LE MASSACRE DES ARMÉNIENS

  Pendant l’hiver de 1914 à 1915, les Russes ont attaqué sur le front du Caucase, avec 100 000 hommes contre une armée turque de 140 bataillons renforcée de guerriers kurdes. Guidés par les Arméniens. Les Russes ont franchi les montagnes et se sont présentés devant Erzurum.

Mais Enver Pacha a contre-attaqué, cherchant à envahir l’Arménie et la Géorgie russes, et libérer les musulmans azéris du joug stariste. Les turcs ont décimé les russes de Caucase et fait subir à la population arménienne les plus atroces brimades. Enver pacha a conduit ses troupes dans la montagne enneigée, mais le général russe Ioudenitch à réussi à tenir grâce au sacrifice des cosaques Zaporogues, ennemi jurés des Turcs. Ils ont détruit une armée turque, contrainte de faire retraite dans la tempête de neige. Elle est bientôt remplacée et les lignes se stabilisent.

Les Turcs veulent alors se venger des Arméniens, considérés comme traîtes et amis des Russes. Ils déchaînent les Kurdes qui rassemblent la population des villes et des villages pour la déporter vers le sud, en de longs convois. Les consuls américains et allemands dénoncent la sauvagerie des Kurdes qui traitent leurs ennemis comme du bétail et les font mourir de faim et de soif. Dix mille déportés seulement arrivent sur les bords de l’Euphrate. On jette les cadavres en grappes dans le fleuve. Les estimations du jeune expert Anglais Arnold Toynbee dépassent le million de victimes.

Les têtes d’intellectuels arméniens exécutés. Certains officiers allemands assitent à ces massacres et en font même des photos souvenirs.

Dans le Caucase, officiers russes et cosaques en avant-garde sur une hauteur. Le cliché montre bien la symbiose des combattants. Le tambour et la corne doivent appeler les troupes à l’arrière. A la ceinture des cosaques, le long poignard traditionnel, utilisé au combat.

Enver Pacha, généralisme turc et grand responsable de l’entrée en guerre des turcs.

Prisonniers turcs du 50e régiment et de la 29e division, capturés à la bataille de Sarikamisch (décembre 1914-janvier 1915). Les Russes ont décimé les hommes d’Enver Pacha. Au centre, le cosaque Kozloff, chargé de les ramener à Tiflis (Tbilissi).

FIN 1915

LA GUERRE SOUS-MARINE

Le blocus allié des navires allemands ou neutres a pour réplique immédiate la guerre sous-marine décidée par le gouvernement allemand, le 4 février 1915. Les eaux britaniques sont réputées zone de guerre. Tout navire de commerce rencontré par les sous-marins pourra être détruit. Les neutres courent les mêmes risques.

À la fin de 1914, la marine allemande ne pouvait aligner qu’une trentaine de sous-marins. Elle en avait 52 en service à la fin de l’année, en ayant perdu 19. Un incident grave devait remettre en question la guerre sous-marine : le 7 mai 1915 le commandant de L’U20, Walter Schwieger, coulait un paquebot désarmé, leLusitania, avec 1 916 personnes à bord, dont 764 seulement survécurent. Parmi les victimes, 118 Américains. Un peu plus tard, le 19 août, le torpillage du paquebot Arabic coûtait la vie à trois Américains.

Devant les protestations de Wilson, le gouvernement de Berlin promettait seulement de ne pas couler les navires de passagers  sans avertissement préalable et sans que soient protégées les vies des non-combattants . En septembre, la guerre sous-marine était provisoirement interrompue sur les côtes occidentales de l’Angleterre et de la Manche. Elle se poursuivait en Méditerranée où les victimes étaient nombreuses, particulièrement dans les transports pour Salonique.

L’explosion de la torpille allemande vue du pont tribord du Lusitania, à 14 h 22. Les débris franchissent quatre ponts. Croquis d’un survivant, le peintre de décors Oliver P. Bernard.

Le torpillage du Lisitania dans une carte postale de la propagande allemande. Tripitz y figure en héros de l’affaire.

La grande flotte des torpilleurs et des sous-marins allemands.

FIN 1915

L’EUROPE OCCUPÉE

Noël de 1915, les Allemands peuvent triompher. Ils occupent dix départements francais, la Belgique, la Pologne, la Lituanie. Les Bulgares et les Autrichiens sont en Serbie. Leurs alliés turcs ont rejeté les Franco-Britaniques de Gallipoli et l’offensive italienne n’à pu déboucher dans les Alpes. Joffre a perdu 250 000 hommes dans des offensives infructueuses à l’Ouest. Les territoires occupés de l’Europe sont pressurés par l’ennemi, qui s’empare du ravitaillement, des mines et industries et contraint la population à des travaux forcés.

Joffre est le seul des généraux en chef alliés à rester en poste, malgré ses échecs. French est remplacé en décembre par Haig à la tête de trente cinq divisions britaniques, à qui l’opinion anglaise reproche leur inaction. Le grand-duc Nicolas est renvoyé par le Tsar, qui prend en personne le commandement de l’armée russe, avec l’aide du général Alexeiev.

Falkenhayn et Conrad von Hötzendorf ont réalisé le rêve allemand de domination de l’Orient, de Berlin et de Vienne jusqu’à Constantinople, par Sofia. Ni la Grèce ni la Roumanie ne les menacent. Le corps expéditionnaire allié d’Orient est enfermé à Salonique et, si les Anglais tiennent les mers. Des usines allemandes sortent de nouveaux sous-marins qui permettront de reprendre l’offensive maritime, en dépit du renvoi de von Tirpitz par le Kaiser.

Le général August von Mackensen (1849-1945), créé feld-maréchal après la prise de Lemberg        

(Lvov) le 22 juin. Ce cavalier Saxon de 66 ans est le meilleur manoueuvrier allemand à l’Est. Il s’aitait distingué comme second d’Hindenbourg en Prusse-Orientale.

L’occupation sévère de la Belgique prend parfois une tournure comique. Ici, des prussioens onr réquisitionné un cours de tennis pour une messe en plein air.

Les Alliés au grand conseil interallié du 6 décembre. De gauche à droite: le général Porro (Italie). Le général Weilemans (Belgique), le maréchal French (Grande –Bretagne) le général Joffre (France), le colonel Stenanovic (Serbie) et le général Jilinski (Russie).

Le Kaiser (à gauche) et son chef d’état-major Falkenhayn (à droite) observant une attaque au gaz en 1915.



26/04/2013
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