LA GRANDE GUERRE 1914-1918

LA GRANDE GUERRE ANNÉE 1914

1914

Les mobilisés se portent aux frontières sur les champs de bataille de Belgique, de France, de Serbie et de Russie, pendant que les grandes flottes anglaises et françaises traquent en mer les cuirassés corsaires allemands.

Le plan Schlieffen d’encerclement des armées françaises échoue à la bataille de la Marne. Les Autrichiens ne peuvent éliméner les Serbes et contiennent de toutes leurs forces la ruée des Russes en Galicie. Les Russes, battus par Hindenburg à Tannenberg, ouvrent en Arménie un front du Caucase, contre les Turcs, entrés dans la guerre aux côtés de l’Allemagne. Français, Anglais et Japonais s’emparent de toutes les possessions allemandes outre-mer.

Août 1914 : la déclaration de guerre à Munich. La foule entonne Die Wacht am Rheim. Parmi eux un jeune marginal autrichien : le futur caporal Adolf Hitler. Engagé volontaire dans l’armée bavaroise, il connaîtra le feu à Ypres.

 AOÛT 1914

SARAJEVO : UN ATTENTAT QUI FAIT SAUTER L’EUROPE

 Le 3 août 1914, le baron de Schön ambassadeur d’Allemagne à Paris, fait atteler pour se rendre à L’Élysée, porteur d’une déclaration de guerre de l’empereur Guillaume II à la République française. Depuis l’attentat commis par un terroriste serbe bosniaque contre l’archiduc héritier d’Autriche Francois-Ferdinand et son épouse la duchesse d’Hohenberg, le 23 juin 1914 à Sarajevo, le jeu des alliances a entraîné le pire. L’ultimatum lancé par Vienne au gouvernement serbe de Belgrade a entraîné la mobilisation de la Russie, puis de l’Allemagne, enfin de la France.

 

Le 28 juin 1914, Sarajevo. Gavrilo Princip, l’assassin du couple Habsbourg (à droite, entre deux policiers) est évacué sous les huées de la foule bosniaque, qui tente de lui faire un mauvais sort.

L’alliance franco-russe de 1893 se renforce dès avant l’entrée en guerre. Le général Joffre, commandant en chef de l’armée française, assiste avec Nicolas II aux grandes manoeuvres russes d’août 1913.

Du 20 au 22 juillet 1914, au plus fort de la crise diplomatique, le président Poincaré rend visite au Tsar à Saint Pétersbourg, visite en calèche, qui lui permet également de constater l’état d’avacement de la mobilisation russe.

Les Russes acheminent leurs propres troupes à la frontière grâce aux chemins de fer stratégiques, construits avec l’argent des épargnants français. Joffre, général en chef des armées françaises, est allé lui-même en Russie l’année précédente, avec le colonel Weygand et toute une mission militaire, afin de vérifier l’état de l’armée du Tsar.

Conrad von Höendorf, à la tête de l’armée autrichienne et Moltke II, du grand quartier-général allemand, ajustent leurs plans : le premier envahira la Serbie ; le second, la Belgique et le Luxembourg, pour exécuter le plan d’encerclement des armées françaises concu par Schlieffen.

La victoire sur la France, qu’ils jugent possible en six semaines, permettra d’affronter à pleine force le principal adversaire : les Russes.

 

L’état-major allemand de la grande époque (Aus grober Zeit). Dans la tradition prussienne, l’état-major vaut d’abord, sous la direction du Kaiser (haut à 1er à  gauche), par son esprit de corps, son professionnalisme extrême, ses plans précis et minutés. Sur le terrain, une grande liberté est néanmoins laissée aux chefs, comme le prouve durant la bataille de la Marne l’incompréhension entre le généralisme Moltke il (au centre), neuveu du vainqueur de 1870, et son subordonné Kluck (à droite).


La guerre vue par un caricaturiste français en septembre 1914. Le taureau allemand est aiguillonné sur deux fronts : par Marianne, montée sur le coq gaulois et par le Tsar, protégé de la Sainte-Russie. Une position bien réelle, que devait contrer le plan Schlieffen. Les autres puissances ont un rôle secondaire : l’Angleterre, qui ne vaut que par sa flotte ; l’Autriche, déjà au bord de l’engloutissement, qui face à l’embrouillement des nations balkanniques ; l’Italie, restée neutre malgré son alliance avec les puissances centrales, et réduite à jouer de la mandoline.

JUILLET-AOÛT 1914

L’INVASION DE LA BELGIQUE

Dès le 1er août, les troupes allemandes envahissent le Luxembourg. Un ultimatum est adressé à la Belgique, qui le rejette. Le 4 août, la violation du territoire belge entraîne l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne. La Royal Navy, mobilisée la première, prend la mer pour protéger les ports belges.

Depuis le 28 juillet, le gouvernement de Vienne à déclaré la guerre à la Serbie. L’ordre de mobilisation générale, est signé par le Tsar le 29 juillet, est affiché sur les murs de Saint-Pétersbourg, comme dans tous les villages de Russie, le 31 juillet à l’aube. Les affiches convoquant les Français et les Allemands ont été collées le 1er août dans l’apres-midi. Douze millions d’hommes, dans toute l’Europe, vont prendre le sac et le fusil.

Des manifestations sont organisées dans les gares de Berlin, de Munich, de Saint-Pétersbourg, de Vienne, de Belgrade et de Paris, pour couvrir de pétales de fleurs les soldats partant en guerre. Ils s’engouffrent dans les wagons, embarquant aussi les chevaux, leurs canons et mitrailleuses. Les convois se succèdent jour et nuit. En deux semaines, les armées sont à pied d’oeuvre.

La flotte britannique en manoeuvre à Spithead en juillet 1914. Au premier plan, le croiseur Collingwood, fleuron de la Royal Navy. Quelques jours plus tard, la mobilisation de la flotte, principal atout de la G.B., marque l’entrée en guerre du pays. Contre toute attente, l’engagement décisif avec la Kriegsmarine n’aura pas lieu.

L’appel aux armes dans les rues de Liège. Chaque matin, les lanciers belges parcourent les rues de la ville, invitant à s’engager les hommes valides, respectant la tradition médiévale des hérauts d’armes.

La lecture de l’ordre de mobilisation à Londres (à gauche) et à Paris, boulevard du Palais (à droite). Dans les deux cas, loin de la fleur au fusil, l’angoisse domine.

Train de plaisir pour Berlin ou Parole London: dans les premiers jours d’août.

Train allemands manifestent sur les trains un obtimiste de façade, l’espoir vite démenti d’une guerre courte.

AOÛT 1914

UN AMIRAL ALLEMAND À CONSTATINOPLE

La flotte anglaise est supérieure à toutes les flottes du monde, avec 64 cuirassés, 10 croiseurs de bataille, 108 croiseurs légers. Grâce aux bases de Gibraltar, Malte et Alexandrie, elle tient la Méditerranée, où patrouille aussi la flotte française. Rien ne dit que la Turquie, qui tient les détroits de la mer Noire, va prendre parti pour l’Allemagne. Le 4 août, à 4 heures du matin, la ville de Bône en Algérie est bombardée par un croiseur corsaire allemand battant pavillon anglais. Un autre navire, aux couleurs russes, prend pour cible Philippeville. La flotte française couvre toute entière les convois de troupes sur le trajet Alger-Marseille.

Les Anglais sont à Malte. Le Goeben et le Breslau, commandés par l’amiral Souchon, franchissent les barrages, échappent aux patrouilles et se présentent devant les Dardanelles le 10 août. Les Turcs les accueillent d’autant plus volontiers que l’amiral Souchon, qui coiffe le fez à Constantinople, offre ses navires de la part du kaiser. La Turquie n’est pas encore en guerre. Elle vient pourtant de se placer du côté de l’Allemagne.

Le Goeben, devenu le Turc Yavuz Sultan Selim, en rade de Constantinople. Joyau des chantiers Blohm und Voss, presque neuf, il est opérationel depuis 1912, de la classe Moltke, il dispose de 10 canon de 280 mm, 12 de 150.

Coiffés du fez, les officiers allemands de la flotte turque en avril 1915. De gauche à droite: L’amiral Souchon, commandant en chef. Les capitaines Buchsellst et Busse, le lieutenant Wichlhausen et les Turcs Enver Bey et Hakki.

AOÛT 1914

LES ÉCHECS EN ALSACE

Le caporal Peugeot s’était fait tuer le 2 août, avant la déclaration de guerre par une patrouille allemande aventurée en territoire français à Joncherey, près de Mulhouse. Pour des raisons psychologiques, Joffre voulait reconquérir l’Alsace par surprise, ce fut un échec sanglant.

Dès le 8 août, les français étaient entrés dans Mulhouse, Ils devaient évacuer la ville deux jours plus tard. Du 14 au 18, nouvelle offensive sur la ligne de Sarrebourg à Mulhouse. La ville reprise le 19 août devait être à nouveau abandonnée. Les charges à la baïonnette se heurtaient au feu des mitrailleuses. L’artillerie allemande anéantissait les colonnes d’infanterie avant qu’elles n’entrent au contact des troupes bavaroises. Tous les généraux de l’offensive manquée d’Alsace étaient (limogés) tenus à résidence dans la région militaire de Limoges par Joffre.

Le 7 août, les Alpins francais du VIIe corps prennent le col du Bonhomme après un violent combat. Ils abattent immédiatement le poteau frontalier¸(Deutsches Reichi), trace de l’humiliation de 1870.

Ces retouvailles symboliques de la France et de l’Alsace sont reprises avec enthousiasme par la presse française. De belles images, qui semblent venger l’annexion des territoires de l’est en 1871, comme la venge l’entrée fleur au fusil des fantassins français à Thann le 7 août. À Mulhouse le lendemain, treize jours plus tard, c’est l’échec et le repli du gros des forces françaises.

Le caporal André Peugeot, du 44e régiment d’infanterie, est le premier mort de la guerre, il est abattu le 2 août par le lieutenant von Mayer.

Près de Mulhouse, le Kaiser passe en revue les troupes de la garde prussienne. La défense de l’Alsace est un succès politique pour le Reich. Mais en détournant à cet effet des divisions du front principal, les Allemands mettent en péril la réussite du plan Schlieffen.

AOÛT 1914

 LE MARTYRE DE LA BELGIQUE

Moltke, le général en chef allemand, veut prendre les forts de Liège avant de terminer la concentration des trois armées d’invasion qui doivent envahir la Belgique et le nord de la France. Selon le plan Schlieffen. Il échoue dans la nuit du 5 au 6 août. Les Allemands doivent amener des obusiers de 420 mm tractés par des engins à vapeur pour écraser les forts du 12 au 16 août.

Les soldats à casques à pointes marchent à pied les belges ayant saboté leurs chemins de fer. Ils parcourent 200 km en huit jours, du 16 au 25 août. Les trois armées de von Kluck, von Bülow et von Hausen ont bousculés la petite armée belge repliée sur Anvers, en l’absence des Anglais et devant l’insignifiance des renforts français.

Les sabotages et la résistance belge rendent les Allemands furieux: Ils brûlent Louvain, prennent partout des otages, fusillent les suspects, plus de cent personnes dans la petite ville d’Andenne. Les civils belges s’enfuient par Anvers, ou Churchill fait débarquer quelques unités de marine. La Belgique, qui compte sept millions d’habitants, est martyrisée par le passage d’une armée d’un million d’hommes.

Un redoutable obusier de 420 mm qui terrassent Liège. Les Autrichiens ont aussi prêtés à Bülow des 305 mm Skoda.

20 août 1914: les fantassins allemands entrent dans Bruxelles. Épuisés par leur marche forcée en territoire hostile, vivant dans la peur des francs-tireurs et des saboteurs, les fantassins de Kluck (1re armée) n’offrent pas la traditionnelle image de l’armée de fer prussienne.

Contrairement à leur ennemi, les fantassins belges bénéficient du soutien de la population, comme le prouve cette charmante jeune fille, leur vaillance n’empêche pas, le 17 août, un repli désespéré sur la poche d’Anvers.

L’armée allemande se déploie sur la grand-place de Bruxelle, le 20 août. Le commandement allemand veut frapper les esprits en faisant défiler 40 000 hommes dans un ordre parfait: l’infanterie, la cavalerie et les chariots de l’intendance (avec les premières cuisines roulantes).

Contraste des deux entrées. Les allemands occupent Gand, évacué par les Alliés le 11 octobre, devant une foule muette, sans même déranger le tramway.

Les Marines britaniques défilent le 27 août dans les rues d’Ostende, acclamés par la population belge, Ils tenteront en vain de sauver la poche d’Anvers.

Le drame des réfugiés belges. Une femme et sa fille à Londres. Elles viennent à peine de débarquer du train qui les amenait des ports anglais.

AOÛT 1914

EN PASSANT PAR LA LORRAINE

J’offre n’a pas renoncé à son plan de percée ver le Rhin : il lance le 18 août deux armées françaises, soit 600 000 hommes sur la Lorraine allemande, pendant qu’une autre armée doit pénétrer dans le Luxembourg belge. Il espère ainsi obliger les Allemands aventurés en Belgique à faire retraite.

Mal lui en prend: le 20 août, la Ier  armée de Castelnau échoue devant Morhange. Le XVe corps de marseille recule en désordre, le XXe corps de Foch se laisse prendre son artilerie. Les pertes sont considérables. Le 22 août, dans les Ardennes, les Français très supérieurs en nombre sont également débandés. L’armée Castelnau se replie vers le Grand Couronné de Nancy où elle résiste brillamment.

Mais la Loraine est envahie, martyrisée. Les Allemands, comme en Belgique, brûlent les villages et fusillent des otages, pour décourager les francs-tireurs. Nomeny et bien d’autres villages lorrains connaissent le martyre.

Moltke, qui vient de gagner la bataille de Charleroi, engagée le 23 août contre la Ve armée francaise, veut poursuivre. Mais il doit détourner quatre divisions de ses armées: il vient d’apprendre que les Russes sont vainqueur à Gumbinnen.

Lunéville, ville martyre de la bataille de Lorraine. La sous-péfecture est durement touchée par les combats. Le résultat du bombardement allemand du 25 août.

Une colonne de dragon et un convoi de ravitaillement automobile sur la grande-place de Lunéville.

Une fois le danger écarté, les retranchements allemands près de Lunéville attirent la curiosité des Lorrains, à l’instard de ces élégantes posant sur la côte des Vignes.

AOÛT 1914

LE DÉSASTRE DE TANNENBEREG

Deux armées engagées contre les prussiens, quatre en Galicie contre les Autrichiens : les russes ont tenu leurs promesses, il attaquent au quinzième jours de la mobilisation.

Ils franchissent la frontière allemande le 17 août, et bousculent un corps d’armée. Le général russe Rennenkampf entre en Prusse-Orientale.

Mais Ludendorff et Hindenburg, nommés par le Kaiser sur le front de l’Est, sont alertés par les messages radio envoyés en clair par les Russes. Au lieu d’attaquer la 1re armée de Rennekampf, qui marche sur Königsberg, ils prennent au filet la 1re armée de Samsonov, dont l’État-major portait des toasts à la prise de Berlin. A Tannenberg, du 26 au 29 août, ils font 92 000 prisonniers. Rennenkampf doit faire retraite sur les lacs Mazures, sauvant son armée de justesse.

En Galicie, deux divisions russes de cavalerie ont chargé au sabre vers Lemberg  (Lvov), talliant en pièces les unités de l’empereur François-Josepf 1er. Les Autrichiens se replient sur les Carpates fin septembre. Ils sont sauvés le 4 octobre par l’offensive austro-allemande de Mackensen, en direction de Lublin. Les Russes ont dû renoncer au bénifices de leur fougue. Ils sont désormais en position de défense.

Frères ennemis de l’armée russe, les généraux Samsonov et Rennenkampf. Rennenkampf cause le désastre de Tannenberg en différant son aide à Samsonov. Ce dernier échappe à la disgrâce par le suicide, le 29 août.

Désordonnée mais conquérante, l’avant-garde russe pendant les beaux jours de l’avancée en Prusse-Orientale ; le 20 août, ils triomphent à Gumbinnen.

Les fantassins russes passent un gué en territoire allemand. Le Tsar a mis en route le (rouleau compresseur russe). Mais les moyens de transport et de communication lui font cruellement défaut.

 

Tannenberg du point de vue allié: les Russes s’emparent d’une batterie allemande à Korschen, le 26 août. Bravoure indéniable, mais inutile face au plan du colonel Hoffmann, cerveau de la manoeuvre de Ludendorff et Hindenburg.

 AOÛT-SEPTEMBRE 1914

LA LONGUE RETRAITE DES FRANÇAIS

Depuis Charleroi, les Français se replient vers le sud. La Ve armée de Lanrezac, craignant d’être enveloppée après l’échec de la IVe armée  de Langle de Cary dans les Ardennes, abandonne la Meuse. Moltke veut vaincre en six semaines. Il a donné à ses troupes, le 27 août, l’ordre de poursuite. Les caques à pointe marchent vers Paris, protégés par les Lances des uhlans.

La 1re armée de von Kluck, à peine retardée au Cateau par un corps britanique, prend Cambrai, Péronne et s’incline ensuite au sud-sud-est vers Compiègne, l’armée von Bülow est arrêtée en Guise par Lanrezac, mais celui-ci doit encore battre en retraite et les Allemands franchissent l’Aisne pour marcher sur la Marne. 50 000 Français se laissent enfermer dans la forteresse de Maubeuge, qui finit par se rendre aux Allemands.

Le 31, von Cluck est à la Ferté-Milon, il veut envelopper les Français par le sud, prendre leur armée dans une nasse, de la Marne aux Vosges. A Château`Thierry, sur la Marne, il arrive trop tard. Les ponts ont sauté. Les Français, qui ont perdu 120 000 hommes en trois jours, ont réussi à s’échapper.

Le 2septembre, le général allemand ordonne à ses corps de pousser les Français loin de Paris, en direction du sud-est. Les colonnes s’infléchissent, prêtant le flanc à une contre-attaque venue de Paris. Le temps de la bataille de la Marne est venu.

Guillaume II (au centre) et son état-major pendant la marche sur Paris.

La retraite franco-britanique, 22 août-5 septembre 1914. 

Les français font sauter à temps les ponts sur la Marne : le 2 septembre, la compagnie 5/13 du 1re régiment du génie intervient une heure et quart avant l’arrivée des autos-camions de l’ennemi.

L’entrée des Allemands à Amiens le 31 août, ils défilent rue Jules-Barni, vers Paris. Au centre, des femmes réquisitionnées pour porter de l’eau aux envahisseurs.

SEPTEMBRE 1914

LE MIRACLE DE LA MARNE

Les fantassins fourbus de la retraite de Charleroi ont la surprise, en arrivant sur la Marne, d’y découvrir des troupes fraîches, venues de Lorraine, débarquées par chemin de fer pour former la VIe  armée de Maunoury. Celle-ci prend position sur l’Ourcq, affrontant, dès le 5 septembre, un corps allemand de von Kluck.

Joffre avait préparé sa contre-offensive depuis le 25 août. Gallieni l’avait informé que les clichés de l’aviation indiquaient un mouvement tournant des Allemands vers le sud-est. Les taxis de Paris avaient été réquisitionnés pour amener en renfort une brigade à Maunoury. Il était temps d’attaquer. Le 6 septembre, une offensive générale commence, de l’Ourcq aux marais de Saint-Gond, où les soldats de Foch résistent à la garde prussienne. Les français sont à 30 divisions contre 20. Joffre lance le corps éxpéditionnaire britanique dans un trou de 50 km, qu’une contremarche malencrontreuse, ordonnée à von Kluck par Moltke depuis son État-major trop éloigné de Luxembourg, a creusé entre les deux armées allemandes.

Les combats furieux, se déroulent du 6 au 9 septembre. Quand les Anglais passent la Marne, les armées allemandes reculent jusqu’à l’Aisne. Le 10 au matin, les lignes allemandes sont vides. Les français harassés repartent en avant. C’est la victoire !

Le généralisme Joffre, en septembre 1914. Joffre, c’est d’abord une certaine qualité d’impassibilité pendant les plus durs moments de la retraite, qui seule permet la victoire de la Marne.

 

Ce sont aussi les trains: malgré les accidents, l’usage du réseau ferré dans l’acheminement des renforts est d’emblée un élément clef de la guerre.

Aux trains de Joffre répondent les taxis de Galieni. Ce vétéran des guerres coloniales est un artisan majeur du succès des taxis.

Le 75 mm, atout majeur des français, en action dans les marais de Saint-Gond, entre le 7 et le 9 septembre. A ce moment, les français subissent pleinement la pression allemande. Le 75 démontre au cours de la bataille que ses qualités de tir surpassent celles du 77 allemands.

Une charge d’infanterie française pendant la bataille. La charge se fait dans les règles de l’art, baïonnette au canon, d’où les pertes énormes : 80 000 hommes.

 

Le 8 septembre 1914, après les terribles combats de Fère-Champenoise, les victimes de la bataille. Aucun bilan des pertes allemandes ne sera publié.

SEPTEMBRE 1914

CASTELNAU À NANCY

Sur le front de l’Argonne, des Hauts-Meuse et du Grand-Couronné de Nancy, les armées françaises étaient assaillies, en pleine bataille de la Marne, par deux armées allemandes qui voulaient forcer le passage de la Meurthe et de la Moselle. S’ils avaient réussi, le succès de Joffre à l’ouest aurait été compromis.

Mais Castelnau veillait à Nancy, avec sa IIe armée. Repoussant les bavarois, tenant indemnes les défenses du Grand-Couronné. Les soldats du XVe corps, recrutés à Toulon, Nice et Marseille, mal remis de la bataille de Morhange, comblaient le vide de l’armée du Kronprinz avait creusé entre deux armées françaises sur Revigny. A Verdun, Sarrail refusait d’évacuer la position et repoussait toutes les attaques Moltke, battu sur la Marne le 10 septembre, demandait à ses armées d’interrompre l’offensive sur Nancy. La ville était sauvée. Elle subirait pendant des années le tir de dépit d’une pièce allemande à longue portée, baptisé le (Long Henri).

Le général Édouard de Curières de Castelnau, commandant de la IIe armée. Après sa défense du nancy, il est promu grand-officier de la Légion d’honneur. On le retrouvera dans des rôles décisifs, sans qu’il ne devienne jamais maréchal de France.

 

Fin 1914, les Allemands attaquent dans les forêts d’Argonne. Tout au long de l’hiver 1914-1915, l’Argonne sera le lieu de combats acharnés.

Nancy martyrisée par les bombardements allemands. Les dégâts causés par les obus allemands les 9 et 10 septembre, dans une cour entre la rue Saint-Didier et la rue Saint-Nicolas.

SEPTEMBRE 1914

LA RETRAITE ALLEMANDE SUR L’AISNE

Les chevaux des cavaliers français n’ont plus de fers, les fantassins sont épuisés, les attelages manquent pour tirer les canons, pourtant Joffre a lancé son ordre de poursuite.

Les coloniaux tremblent de froid sous la pluie glacée. Les avions ne peuvent repérer sous les nuages bas les mouvements de l’ennemi. Ils ne peuvent savoir si les Allemands s’enterrent à la hâte sur les lignes hautes de l’Argonne et du Chemin des Dames. Les troupes rameutées de Lorraine, les cavaliers de Conneau, le XXe corps de Foch débarquent du chemin de fer pour déborder les Allemands par l’ouest, en Picardie. Mais Noyon et Saint-Quentin tiennent bon. De Craonne à Reims, les Allemands se sont retranchés et leurs obusiers lourds arrosent Reims. 500 civils tués. La cathédrale brûle.

Le nouveau général allemand Falkenhayn a gagné la bataille de l’Aisne, où ses troupes se retranchent, protégées par leur artillerie lourde. Un front nouveau s’est constitué de l’Aisne à la Somme. Les cavaliers alliés ne peuvent lutter contre le chemin de fer, que les Allemands utilisent pour amener rapidement des renforts. La seule chance des Français est de les déborder par l’ouest, dans la course à la mer.

Septembre 1914: les hussards français traversent un village, à la poursuite des Allemands en repli sur l’Aisne.

L’ultime phase du bombardement de Reims. Touchée le 18 et le 19 septembre par 40 obus de 220, la cathédrale s’embrase le 19 à 16 heures pour ne bientôt plus former qu’un vaste brasier. L’incendie, qui a pris dans les échaffaudages montés en 1913, emporte le trésor ecclésial, les peintures et les tapisseries.

5 octobre 1914: l’observation de la retraite allemande favorise le rôle de l’aviation. Les Français Frantz et Quénault, sur biplan Voisin, livrent le premier combat aérien de l’Histoire, en abattant un Aviatik.

OCTOBRE 1914

LA COURSE À LA MER

Falkenhayn jette dans la bataille 200 000 hommes, des troupes fraîches transportées par le rail en Belgique, afin de prendre Calais et Boulogne et d’attaquer le Nord. Le 9 octobre, Anvers est tombée sous le feu des pièces de 420. Lille a subi le même sort. La ligne de l’Yser est assaillie le 19 octobre. Joffre veut la tenir à tout prix, avec le concour des Belges, des Anglais et des renforts Français : les fusiliers marins de l’amiral Ronarc’h, les Sénégalais de Grossetti.

Les défenseurs rivalisent d’héroïsme. Les Sénégalais se font tuer avec bravoure. Il n’en reste que 411 sur 2 000. Les belges du colonel Jacques résistent jusqu’à la mort. L’amiral Ronarc’h dort comme ses matelots sur une litière de paille: Le passage de Dixmude, leur dit-il, doit être tenu par vous tant qu’il restera un fusilier marin vivant.

Dixmue est finalement abandonnée, mais non l’Yser : Les Français et les Belges s’y maintiennent, dans la boue humide. Pourtant, les renforts allemands arrivent sans cesse. Les Belges décident alors d’ouvrir les écluses de Nieuport, et d’innonder la vallée de l’Yser. Aussitôt, les Allemands arrêtent leur offensive: le 24, la première bataille de l’Yser est gagnée par les Alliés.

Un éclaireur algérien aux abords de l’Yser

Les fusiliers marins à Dixmude, par Charles Fouqueray. Dès les 24 et 26 octobre, les hommes de l’amiral Ronarc’h ont gagné sur les canaux et dans les champs inondés des Flandres leurs lettres de noblesse.

Partie en reconnaissance, cette patrouille belge d’Anvers n’a échappé à un fort parti allemand qu’au prix de lourdes pertes.

NOVEMBRE 1914

LE SAILLANT D’YPRES

Le Kaiser s’est déplacé en personne. Il arrive à 6 heures du matin le 1er novembre au château du Coquinage, près de Lincelles. Il veut à tout prix que le saillant d’Ypres disparaisse. Il a fait venir de Berlin une division de réserve de sa garde.

Les prussiens attaquent, avec les Bavarois. Devant eux, les fantassins du XXe corps de Foch. On ne peut plus compter sur les Belges : Ils ne sont plus que 20 000. Pourtant, ils se battent encore. Les Anglais ont pris position en force. Le 1er novembre pourtant, ils semblent ébranlés. Vont-ils lâcher prise ? Fosch parvient à persuader French de poursuivre. Une dernière attaque est conduite les 10 et 11 novembre avec acharnement par la garde prussienne, contre Ypres et Dixmude. La brigade belge Meiser subit les assauts pendant 72 heures consécutives, au rytme de quinze attaques chaque nuit.

Le 17, Falkenhayn doit reconnaitre son échec: il n’est pas parvenu à forcer le front allié. La course à la mer est gagnée par les Belges, les Britaniques et les Français. Mais ils doivent, comme les Allemands, s’enterrer.

Ypres en novembre: des fantassins de la VIe armée en observation derrière une meule de paille. Dissimulation prudence: même les ailes des moulins à vent terrorisent les Allemands, qui croient voir dans leurs mouvements des messages codés. Une nervosité à laquelle Ypres ajoute le massacre: près de 130 000 jeunes recrues périssent dans la bataille, surnommée le (massacre des innocents).

Des zouaves en embuscade près d’Ypres. C’est réellement au cours de ces combats qu’Africains et Nord-Africains font leurs preuves. Le système de tranchées commence à peine à s’organiser: une haie, un creux servent encore d’obstacle.

La défense du canal de l’Ypres, dans un dessin contemporain. Des combattants peut-être trop propre, c’est sur l’Yser que les hommes font connaissance avec leur compagne de quatre ans, la boue. Mais la violence de l’affrontement y est: Français et Belges y épuisent leurs forces, mais surtout le British Expeditionnaru Force, que la perte de près de 60 000 hommes réduit à son encadrement.

Systhème de tranchées côté Allemand, côté Alliés

OCTOBRE-NOVEMBRE 1914

LA POLOGNE À FEU ET À SANG

Le 20 octobre, alors que Falkenhayn tente de forcer la ligne de l’Yser, les Russes attaquent sur la Vistule, avec des troupes rendues disponibles par leurs succès de Galicie.

La boucle de la Vistule est devenue le centre des combats. Les divisions allemandes ont attaqué en direction d’Ivangorod. Les Russes du grand-duc Nicolas les prennent de flanc, et l’ennemi doit opérer une retraite précipitée.

Les Allemands regroupent leurs forces dans la région de (Thorn), sous le commandement de Mackensen. Le 11 novembre, ils marchent sur Lodz, pour surprendre l’aile droite des Russes, menacée d’encerclement. Mais ceux-ci contre-attaquent et le 23 trois divisions allemandes échappent de peu à la capture.

En décembre, c’est au tour des Russes d’Ivanov de connaître la défaite à Limanowa, devant Cracovie. Sur le sol glacé de Pologne et de Galicie, les adversaires n’ont pas encore creusé de tranchées. Ils se livrent une guerre de mouvement, jamais décisive. Les Russes disposent de trop peu de canons attelés pour pouvoir poursuivre. Les Allemands et les Autrichiens n’ont d’autre ambition que de protéger leurs frontières.

Une patrouille allemande tente de se réchauffer en Prusse-Orientale.

Un cuirassier allemand pris dans les neiges de Pologne.

Une section d’Alpins autrichiens dans les Carpates, à la fin de 1914. A à mi-décembre la IIIe armée autrichiennes a repris les cols, après la bataille de Limanowa où Conrad von Hözendorf a stoppé l’avance russe sur Cracovie.

Éreintés, ces Allemands se sont assoupis dans un hôtel de Prusse-Orientale.

FIN 1914 

LES CHEVAUX DE LA GUERRE

 Brusquement après la Marne, l’armée française s’apercoit qu’il lui manque 200 000 chevaux, sur l’effectif de 500 000 nécessaire pour continuer la guerre. Les shrapnels ont tué par dizaines de milliers les chevaux normands, angevins ou tarbais. Mais aussi les lourds animaux de trait de l’artillerie, du génie, et même du service de santé. En dehors de quelques enlèvements en camions commandés par Joffre, l’armée est en très largement hippomobile, rien ne peut se faire sans chevaux.

Les batailles du Nord, de la course à la mer, ont opposé des divisions de cavalerie: les cavaliers anglais d’Allenby étaient sur la Marne, les dragons de Vonneau et les cuirassiers de Mitry ont participé à la poursuite.

Il est vrai qu’ils ont combattu les Uhlans le plus souvent à pied et à la carabine: deux régiments de cavalerie (soit 1 000 hommes) avaient la puissance de fer d’un seul bataillon d’infanterie, mais ils étaient plus mobiles et disposaient de mitrailleuses montées sur des voiturettes à deux roues, tractées par quatre chevaux. Les carabiniers belges combattaient aussi à pied, comme les Uhlans de Guillaume II. Mais les cuirassiers au dépôt. Ils descendraient bientôt dans la tranchée.

Un train d’artillerie anglaise en août 1914. Sauf l’artillerie sur voie ferrée  (A.V.F.), les canons sont encore tractés par des chevaux.

Août 1914 : des chevaux crevés à Arracourt, pendant la Grande retraite. Chaque bataille est une hécatombe pour les chevaux et les troupeaux.

Les armées utilisent tous les substituts possibles aux chevaux, ici les Allemands se servent d’un éléphant pour le transport des matériaux. Commentaire ironique du photographe: (Est-ce que les Allemands manqueraient de moyens de locomotion ?)

Les cavaliers, reconnaissables à leurs lourdes bottes, finissent l’année dans les tranchées, ici, à Zillebeke en février 1915, des Français et des Anglais du 11 th Hussars (Prince Albert’s Own).

NOVEMBRE 1914

LA SURPRISE DE CONSTANTINOPLE

 Les Turcs rompent avec les Alliés et laissent l’amiral Souchon bombarder les ports russes de la mer Noire, Théodosia et Novorossisk. Le Bresleau et le Goeben créent la surprise en attaquant la Crimée. Les ambassadeurs allemands quittent Constantinople le 2 décembre. La guere sainte est aussitôt proclamée par le sultan.

Français et Anglais doivent se défendre contre les tributs Senoussis, qui sont les seules à entendre ce message en Afrique du Nord, dans les déserts du Sud de l’Égypte et de la Tunisie. Ni la Perse, ni l’Égypte ne lâchent l’Angleterre qui déploie les unités de l’armée des Indes à Alexandrie, pour garder le canal de Suez, et en Mésopotamie, où Bassorah est occupé. Le Khédive d’Égypte, germanophile, est déposé, remplacé par un sultan favorable à l’Angleterre, qui proclame l’état de siège. Bientôt, 100 000 soldats des Indes se consentrent sur le canal.

Les Russes attaquent dans le Caucase dès le 4 novembre. Ils marchent sur Van et Erzurum, dispersent les troupes kurdes au service des Turcs, avancent sur la route de Van en Arménie. Les Turcs commencent à massacrer les Arméniens et à percécuter les Chrétiens des différents cultes en Syrie et en Palestine. L’engagement des Turcs aux côtés de l’Allemagne a provoqué l’ouverture d’une deuxième zone de guerre en Orient.

Liman von Pacha. Général de division. Le chef de la mission allemande à Constantinople est également commandant et maréchal de l’armée turque.

 

Officiers et soldats de l’infanterie turque au début du conflit. L’image dément leur réputation d’indicipline, largement entretenue par les Alliés.

Novembre 1914 : la foule constantinopolitaine, contenue par la garde, se presse duvant la mosquée Fatih. Le cheikh uHslam vient de proclamer la guerre sainte.

Un type de vieux cuirassé turc, le Medjijie, la flotte turque, trop vétuse, ne pouvait inquiéter les ports russes. L’amiral Souchon, avec les redoutables Goeben et Breslau, a pratiquement forcé la main des turcs le 29 octobre, en décidant, avec Liamn von Sanders et le ministre de la Guerre Enver Pacha, d’attaquer en mer Noire.

FIN 1914

LES LIGNES MARITIMES ET COLONIALES

 La France et la Grande-Bretagne sont en 1914 des empires coloniaux et des puissances maritimes mondiales, qui doivent à tout prix garder la maîtrise des mers. Or l’Allemagne dispose d’une flotte de sous-marins dans sa base de Wilhelmshaven. Elle ne manque pas de points de charbonnage et de ravitaillement en pétrole pour sa flotte, en Chine et en Afrique, mais aussi en Amérique latine. L’Autriche-Hongrie, par sa base de Pola, menace l’Adriatique et la Méditerranée.

Une guerre inexpiable s’engage pour la conquête des océans et des mers. Les Japonais se chargent de s’emparer des bases allemandes en Chine. Les colonies allemandes d’Afrique sont attaquées. Les Français, ainsi qu’une partie de la flotte anglaise, assurent la sécurité de leur convois en Méditerranée. Mais la grande- flotte de l’Amiral Jellicoe a pour tâche essentielle d’empêcher les superdreadnoughtd allemands de quitter leur base de Kiel. La Royal Navy ne peut empêcher les croiseurs du Kaiser de couler des navires alliés sur toutes les mers du globe.

A Freetown (Sierra-Leone), le départ des coloniaux anglais pour Douala, au Cameroun allemand. Le port tombe en septembre 1914, mais la colonie résistera jusqu’au début de 1916.

Blessés hindous, médecin anglais témoins japonais: Tsing Tao préfigure en 1914 la Babel que sera Salonique, sur le front grec, en 1916. Du 7 septembre au 7 novembre 1914, 23 000 Japonais et une brigade britanique assiègent la forteresse de Tsing Tao, tête de la concession allemande de Kiao Tchéou, dans la péninsule chinoise du Shandong. Ce sera le seul véritable acte de guerre du japon, qui en profitera au traité de Versailles pour obtenir Shandong.

La flotte naissance des U-Boote à Wilhelmshaven. On est encore loin de l’apogée de 1917, quand plus de cent sous-marins croiseront en six flottilles différentes réparties de la Baltique (Libau) aux Dardanelles (Constantinople), de la mer du Nord (Wilhelmshaven, Emden , Ostene) à l’Adriatique (Pola).

DÉCEMBRE 1914

 LA BATAILLE DES FALKLAN

 Les croiseurs allemands patrouillaient en mer depuis août 1914, attaquant par surprise les bases ou les navires alliés. Le Scharnhorst et le Gneisenau avaient ainsi bombardé papeete, à Tahiti, le 22 septembre. Le 28 octobre, le croiseur Emden, naviguant sous pavillon russe et portant une quatrième cheminée pour se déguiser, coulait en rade de Penang le croiseur russe Yemtchoug et le contre-torpilleur français  Mousquet. Il était temps de purger les mers de ces corsaires, pensait l’Amirauté anglaise.

Le 9 novembre, au large des îles Cocos dans l’océan Indien, le croiseur australien Sydney mettait fin à la croisière de l’Emden. Le 9 décembre, à l’est du détroit de Magellan, l’escadre anglaise du vice-amiral Sturdee (sept croiseurs) accrochait les cinq croiseurs allemands du vice-amiral von Spee: pendant cinq heures, la bataille faisait rage. Le Gneisenau, le Schrarhorst, navire-amiral, et le Leipzig étaient coulés. Le Dresden et le Nürenberg parvenaient à s’enfuir malgré leurs blessures, mais le Nürnberg était poursuivi et succonbait dans la soirée. Quant au Dresden, il parvenait à doubler le cap Horn et à se perdre dans le Pacifique. L’Angleterre avait purgé les mers des corsaires allemands.

Le 9 novembre dans l’océan Indien: australien du Sydney sur le pont, juste après le duel avec le corsaire Emden. À l’arrière-plan, une des cheminées, détruite pendant l’action. Les homme de l’Emden, moins chanceux, sont fait prisonniers, sauf un petit groupe qui rejoint Constantinople au terme d’une mémorable équipée.

Falkland : le duel des Sturdee ( à Gauche ) et de Speer ( à droite ).

Trois vues de la bataille des Falkland, d’après les croquis d’un témoin. En haut, vers 21 heures la fin du Leipzig et la fuite du Dresden, milieu Les deux croiseurs de bataille de Sturdee, l’Invincible et l’Inflexible, rejoignent la chasse, Bas, le duel du Kent et du Nümberg, clos à 19 h 30 par la mort de ce dernier.

DÉCEMBRE 1914

LES RAIDS SUR L’ANGLETERRE

Les obus de l’escadre atteignent les maisons et les édifices publics. On compte plus de cent victimes civiles et plus de cinq cents blessés. Ce raid cause en Angleterre une intense émotion. On le califie de terroriste et contraire aux lois de la guerre.

Les Allemands multiplient les incursions dans le ciel britanique, lâchant des bombes. Le jour de Noël, sept hydravions anglais , embarqués à bord de croiseurs autour de l’île d’Heligoland, bombardent le port de Cuxhaven. Ils sont aussitôt pris pour cible par les canons de la flotte, poursuivis par des hydroplanes allemands, assistés de deux Zeppelins et de plusieurs sous-marins. Six sur sept des aviateurs anglais réussisent à rejoindre leur flotte, mais seule trois avions sont embarqués. Le 30 décembre, les aviateurs allemands bombardent Dunkerque. Désormais les raids aériens font partie du quotidien de la guerre et l’Angleterre n’est pas à l’abri des incursions ennemies.

Le raid de Scarborough: une maison touchée dans le Crescent.

Le restaurant et le buffet du Grand Hôtel, cible facile sur le front de la mer, sont ravagés. Par chance, les chambres du dernier étage avaient été libérées vingt minutes avant l’attaque, qui fait 17 morts et 123 blessés.

Le raid de Scarborough: la Kriegmarine a tiré aveuglèment plus de 100 obus sur la station balnéaire du Yorkshire, sans épargner même le vénérable château du XIIe siècles.

Le raid de Cuxhaven, le 25 décembre: un des trois hydravions de type Short qui ont échappé à la poursuite est embarqué à bord d’un croiseur porteur de la Royal navy.

FIN 1914

 LES TROUPES COLONIALES

À Marseille débarquent des troupes indiennes, destinées à renforcer le front anglais. L’armée des Indes a fourni 100 000 combattants pour garder l’Égypte. Elle a aussi débarqué dans le Golfe persique à Bassorah pour dominer la zone pétrolifère.

Les français lèvent des troupes noires à Dakar et dans les colonies africaines pour leur armée d’Afrique, qui se compose de régiments de tirailleurs. Les unités d’Afrique du Nord engagent des soldats musulmans et pieds-noirs dans les régiments de zouaves et de tirailleurs algériens, mais aussi de spahis et de chasseurs d’Afrique. Une division marocaine, confiée au général Humbert, a été levée par les soins de Lyautey. Tous les territoires coloniaux sont sollicités pour fournir des recrues soit au front, comme les Antillais, soit dans les unités de travailleurs comme les Indochinois, les Malgaches, les Réunionnais.

Des camps d’accueil et d’entraînement réservés aux troupes coloniales ont été construits à Fréjus et Toulon. Les officiers français accélèrent l’instruction pour faire monter les premières unités en ligne dès septembre. Un bataillon de Sénégalais participe à la bataille de Dixmude pendant la bataille de la Marne.

A Dakar, des volontaires sénégalais attendent l’ambarquement pour la France devant la résidence du gouverneur.

De même à Alger, les volontaires nord-africains prennent la mer pour la métropole. Le recrutement des coloniaux se fait sans difficultés, y compris chez les musulmans, que ne touche guère l’appel à la guerre sainte que lance en novembre leur ancien suzerain, le calife-sultan de Constantinople.

La guerre joyeuse: au camp de Fréjus. Loin de leur patrie, ces tirailleurs sénégalais trouvent encore le sourire autour de la popote.

Autre scène d’une veine très utilisée par la propagande: des Français distribuent des fruits aux indiens qui, de Marseille, gagnent par train le front du Nord.

L’autre visage de la guerre: des tirailleurs algériens mettent en terre un camarade tombé au feu. Pas de cercueil, dans la tradition musulmane.

SEPTEMBRE-DÉCEMBRE 1914

LA VAILLANTE SERBIE

L’armée serbe se défend avec acharnement contre les forces d’invasion autrichiennes. Fin août, les Autrichiens sont contenus sur les bords de la Drina. Ils s’acharnent à bombarder Belgrade, où les ruines s’accumulent, envoyant sur le Danube des monitors que l’artillerie serbe prend à partie et coule. A partir du 10 septembre, les Serbes débarquent sur la rive droite, obligeant les batteries autrichiennes à la retraite.

Les Austro-Hongrois ont beaucoup de mal à investir le Monténégro, où des bandes armées résistent pied à pied. Serbes et Monténégrins envahissent la Bosnie et marche sur Sarajevo en septembre. Ils assiègent Raguse. Ils ne se replient qu’à la fin d’octobre. Devant les renforts envoyés par Vienne. En novembre la Serbie est à nouveau agressée. Le 2 décembre, une armée austro-bavaroise de 250 000 hommes tente d’obtenir la décision et réussit aux prix de lourdes pertes à occuper Belgrade. Douze jours plus tard, la contre-attaque serbe du général Putnik les en chasse. Mais les Serbes souffrent des bombardements et plus encore d’une épidémie de typhus. On célèbre à Londres et à Paris le courage de la Serbie martyre.

La cavalerie serbe. Elle s’illustre le 10 septembre, en poursuivant les Austro-Hongrois en face de Belgrade, de l’autre coté du Danube.

Prisonniers autrichiens ramenés à Nils, après la grande victoire remportée par Putnik (en médaillon) à Sabac le 17 août. Les Serbes y ont anéanti trois régiments ennemis et pris 14 canons.

Victimes des représailles, des paysans serbes massacrés près de Loznica. Les dragons hongrois se distinguent dans les cruautés en vers la population civile.

Les victoires des Serbes août-décembre 1914

FIN 1914

LES FORTIFICATIONS DE CAMPAGNE ALLEMANDES

Sur les lignes crayeuses de l’Aisne ou granitiques des Vosges, dans le sable du Nord, les Allemands ont le temps de se retrancher, de creuser le sol et de mettre en place un système modèle de fortifications de campagne. Les deux lignes de tranchées, reliées par des boyaux, sont pourvues de nids de mitrailleuses, protégées par des blindages ou des toits bétonnés, à l’abri des obus. Des Stollen, vaste casernes souterraines, également bétonnées, abritent les fantassins à proximité des premières lignes. Les liaisons téléphoniques sont enterrées.

Des renforts qu’ils s’agisse des jeunes soldats à peine formées des unités d’ersatz ou des réserves de la Landwehr prennent position dans les tranchées où la discipline est rigoureuse. Les troupes d’assaut sont retirées du front et entraînées à l’arrière aux offensives, dans des camps spéciaux, Une artillerie spéciale de tranchée, les Minenwerfer, est mise en place, avec des effets: ces mortiers, en décembre 1914, ont tués 10 000 Français dans l’Argonne. Ils creusent dans le sol des entonnoirs de huit à dix mètres. Joffre espédie des officiers du génie sur les lignes abandonnés par l’ennemi pour étudier de près leur organisation et concevoir un réseau français adapté.

L’entrée d’une tranchée allemande à la fin de 1914. Un creusement déjà profond, muni d’un camouflage rudimentaire.

Les Allemands viennent de prendre possession d’une des premières tranchées, creusée dans le sable près d’Ypres. Le creusement est encore rudimentaire, mais des postes de tir ont été aménagés.

Les Allemands viennent de prendre possession d’une des premières tranchées, creusée dans le sable près d’Ypres. Le creusement est encore rudimentaire, mais des postes de tir ont été aménagés.

FIN 1914

LES TRANCHÉE FRANÇAISES

L’État-major  manque de pelles et de pioches. Il en commande des dizaines de milliers en Angleterre et en Amérique, pour creuser partout deux lignes de tranchées distantes de trois kilomètres. La première ligne s’approche parfois à 50 mètres de l’ennemi. Les guetteurs surveillent jour et nuit, sur les parapets, les signes d’activité dans la tranchée d’en face. Les sapeurs creusent le sol pour faire sauter les mines de l’ennemi, qui se protège par des contre-sapes.

Les chemins de fer acheminent au front des tonnes de fils de fer barbelés pour les premières lignes. Un seul bataillon doit creuser pour s’abriter mille mètres de tranchées. Les travaux ont lieu de nuit pour éviter les tirs ennemis. Les nids de mitrailleuses sont en place. Bientôt les (poilus)  touchent des crapouillots, mortiers de tranchée qui peuvent résister aux Minenwerfer. La vie s’organise dans les lignes, où le ravitaillement et le courrier parviennent par les boyaux. Entre les lignes, les patrouilles nocturnes s’efforçent de réaliser des coups de main, pour capturer quelques prisonniers qui permettent d’identifier les unités d’en face. Les troupes s’immobilisent et apprennent à lutter contre leurs pires ennemis, la boue, le gel, les rats, les poux.

Un hérisson de barbelés, appareil de défense obtenu en enroulant les fils de fer sur un tambour de bois conique.

Un crapouillot rudimentaire. Ce mortier, malgré sa puissance apparente, date de 1847 et porte encore la marque de Louis-Philippe.

Une des premières tranchées françaises, dans les plaines du Nord, en septembre 1914. Tout déroge encore aux règles de la fortification de campagne, telles qu’elles se perfectionneront quatre ans durant. La double ligne est peu profonde, la protection limitée au remblai, les postes de tir innexistants, le tracé est doit.

C’est tirailleurs sénégalais rassemblent les outils destinés aux tranchées. Les coloniaux seront souvent affectés aux travaux de terrassement.

FIN 1914

LE FRONT BRITANIQUE

Calais, Boulogne sont devenues des villes anglaises : Les Tommies tiennent les lignes des Flandres et de Picardie et installent leurs tranchées dans un confort relatif. Ils disposent d’une artillerie d’obusiers et de nids de mitrailleuses Maxim bien protégés, Le commandement veille tout particulièrement à l’hygiène des troupes en faisant installer, immédiatement à l’arrière, des points d’eau pour les douches et des abris de planches.

Les fusiliers qui veillent aux créneaux disposent du fusil Lee-Enfield modèle 1903 de 7,7 mm: doté d’un magasin de dix cartouches, il pèse 4,2 kg et tire à plus de 2 500 mètres. Les troupiers sont revêtus de pièces de toile imperméables et bien pourvus de vêtements de laine. Le ravitaillement est bien soigné. Les navires chargent au Havre et à Cherbourg des caisses de bacon et de marmelades, et même de thé et du rosbif.

Lord Kitchener, le ministre de la guerre, envoie sans cesse en France les renforts qu’il recrute par volontariat. Les lignes accueillent en nombre croissant les soldats canadiens, australiens et néo-zélanais, ainsi que les Indiens. Ceux-ci ont pris par à la bataille de Dixmunde. Le but de Kitchener est de réunir 1 250 000 hommes sous les armes et de les préparer par une instruction accélérée.

Des Highlanders servant une mitrailleuse Vickers-Maxim Mk 1. Une arme remarquable, adoptée en 1912 d’après un modèle plus ancien et plus lourd, et qui tire 500 coups minutes. Mais il n’y a que quelques centaines en 1914, en face, les Allemands disposent de 12 500 Maxim MG 08.

Quand la guerre s’installe, les Britaniques installent à l’arrière des coins d’Angleterre. Ici, en juin 1916, une cantine à Abberville.

Le relatif confort d’un PC de campagnie sous abri, dans les tranchées britaniques.

Un gros mortier de siège anglais.

FIN 1914

LES ARTILLEURS MAÎTRES DES BATAILLES

L’armée française disposait en quantité suffisante de pièces de campagne attelées de 75, équivalentes aux 77 allemands et aux canons anglais à tire rapide de 13 livres. Mais les Allemands avaient gagné les premières batailles en utilisant des pièces lourdes tractées, qui ravageaient les colonnes en marche. Seuls les Anglais disposaient du Long Tom, une pièce de 60 livres, qui tire à plus de 13 km ses obus explosifs.

La fabrication française est en retard, L’armée n’a que 26 batterie de 155 à tir rapide, 20 de 120 long, 15 de 120 court. On bat le rappel des pièces de marine, que l’on transporte par chemin de fer, ainsi que des mortiers lourds, Les voies Decauville acheminent les obus sur les emplacementd des batteries que l’on fait camoufler.

Les fantassins envient des artilleurs dans leurs cagnas, creusées derrière les lignes, à l’abri des tirs ennemis. Pouratnt, aucune attaque ne peut réussir sans l’artillerie. L’infanterie appelle ses tirs en lançant des fusées rouges. On accuse toujour les artilleurs de tirer dans les lignes amies, au lieu de contrebattre efficacement les pièces allemandes, souvent hors d’atteinte en raison de leur longue portée.


Un canon anglais de 60 lbs en août 1914. Le Long Tom représente une bonne alliance entre le poids des obus (plus de 27 kg) et la portée, supérieure à 10 km. Dans sa catégorie, le mortier allemand de 150 mm a un poids supérieur, mais une portée inférieure, tandis que le mortier de 155 mm Schneider le dépasse.

Une batterie française de 75 mm. Le 75 mm modèle 1897, adopté en 1899, possède des qualités évidentes. Mais celle-ci poussent justement les militaires à négliger l’artillerie lourde et les mortiers.

Un 155 mm court Rimailho. Au camp français de  Mourmelon en juillet 1914. C’est une bonne arme, adoptée en 1906. En revanche, il y en a trop peu, et elle est trop lourde pour les actions de mouvement.

Les Allemands maître de l’observation d’artillerie. Ici, le commandant d’une batterie dirige le tir depuis un stéréo-téléscope. Ce type de machine n’explique pas la supériorité des artilleurs allemands. La vraie raison en est leur forte dotation en artillerie lourde, notamment de siège.

FIN 1914

L’OBSERVATION AÉRIENNE

Les bélligérents disposent d’avions de bombardement capables d’effectuer des raids en territoires ennemis, mais avec des obus balancés par dessus bord, des bombes trop légères, voire avec des fléchettes d’aciers, comme les Français, pour accabler les colonnes allemandes en marche.

L’utilité majeure de l’aviation est l’observation de l’ennemi. Ainsi, à la veille de la bataille de la Marne, les avions français ont-ils surpris la marche des colonnes allemandes. Un service de photographique est alors créé au CQG.

Quand les armées s’enterrent, le rôle des observateurs d’aviation devient prémordial. Les Aviatiks allemands, les Farman, les Voisin, les Morane et les Caudron G7 prennent l’air. Les aviateurs sont armés de carabines et de pistolets, plus rarement de mitrailleuses. Ils contribuent à régler les tirs d’artillerie, avec les aérostiers des ballons captifs, que les Allemands appelent Drachen.

Une équipe de l’observation aérienne, plus tard dans la guerre. Certes au mur de leur bureau, les dessinateurs de la IVe armée-section photo aérienne, dirigés par le commandant Boucher. Ils sont chargés de reporter les clichés pris d’avion ou de ballon. En 1918, ils sont stationnés à Châlons-sur-Marne.

Cette même équipe occupe ses loisirs à illustrer, non sans humour, les déboires de son travail et de la vie militaire.

Dans le même groupe de clichés, une (saucisse), ballon aérien d’observation, sur le front de Champagne

Un exemple de cliché aérien : prise de vue en juin 1917, à 2 300 mètres d’altitude, par un appareil français basé à Alger, en Champagne. On distingue nettement la structure des tranchées allemandes Hohenhöle et Nümberg.

FIN 1914

LES SERVICES DE SANTÉ

Les centres de commandements sont rapidement débordés par les centaines de milliers de blessés qui affluent dans les centres de secours. Beaucoups meurent durant les longues périodes de déplacement, faute de matériel approprié. Les postes de premières urgences sont mal équipés et les antennes divisionnaires manquent de médecins et de soignants, ainsi que de médicaments.

L’absence de casque rend les Français vulnérables aux éclats d’artillerie : les blessés à la tête représentent environ 60% des effectifs des services. Les secousses de la route ou du train les tuent. Pourtant, un bénévolat s’organise à l’arrière avec le concours de la Croix-Rouge, Des locaux sont réquisitionnés, transformés en hôpitaux.

Les opérés meurent le plus souvent de la gangrène qui affecte les plaies. Clemenceau est le témoin indigné d’un débarquement de blessés en gare de Bordeaux. Rien n’est fait pour assurer une évacuation efficace. Les premiers progrès réalisés sont les transports par péniches sur les canaux, qui évitent les secousses, et les premiers convois d’ambulance automobile, dus quelquefois à des initiatives privées, comme les ambulances de volontaires américains.

Un chirurgien franàais opère dans une église transformée en centre de soins.

L’église de Neufmoutiers, poste de secours allemands, reprise par les Français après la Marne. Les blessés allemands gisent abandonnés sur la paille. À la droite du groupe, un infirmier allemand.

Octobre 1914, près d’Ypres : des soldats belges dégagent une ambulance de la Croix-Rouge anglaise, prise dans les sables humides.

Février 1915 : accostée au quai des Orfèvres, une des premières péniches sanitaires, le Transport ambulance no 7, anciennement Aimée de Lantelme (dessin de Coudouze).

FIN 1914

PARIS EN GUERRE

À la fin de 1914, Paris est une place forte, un camp retranché dont les gares ventilent les renforts envoyés au front et accueillent les blessés et les permissionnaires des armées alliées. Avant la bataille de la Marne, quand le Président de la République et les autorités ont été évacués sur Bordeaux. Les Parisiens ont redouté le pire et nombreux sont ceux qui ont redouté le pire, et nombreux sont ceux qui ont cherché à s’embarquer pour le sud, tandis qu’affluaient les réfugiés de Belgique et du Nord. Les premiers raids d’Aviatiks sur la capitale, le 30 août puis le 1er le 8 et le 11 septembre, peu meurtriers, n’ont pas provoqué de panique. Le bruit sourd du canon allemand sur la Marne suffisait à créer l’angoise.

Dès la victoire de la Marne, Les théâtres ont rouvert dans la capitale, sous le prétexte de distraire les soldats. Ils sont moins fréquentés que les salles de cinétographe, où l’on projette les premiers films de propagande réalisés par l’armée.

La vie s’organise dans la capitale en guerre. Après la période de chômage, l’ouverture des ateliers travaillant pour la guerre attire les femmes, qui s’engagent aussi dans les postes et tramways. Les Halles ne manquent pas de vivres et les restaurants regorgent de clients. Les soldats en permission ont le sentiment que l’arrière ignore tout de la guerre.

6 décembre 1914, jour de la réouverture des théâtres parisiens, Mlle Chenal chante la marseillaise en clôture à l’Opéra-Comique.

Un immeuble parisien victime des bombardements aériens.

Un Taube allemand, abattu dans la Meuse et exposé aux Invalides.

FIN 1914

LES BESOINS DE LA GUERRE

 L’effrayante consommation de munitions a vidé les stocks à la fin de 1914. Les belligérants doivent s’organiser pour faire face, en faisant flèche de tous bois. Krupp retient à Essen 90 000 ouvriers pour ses fabriquations de guerre. À Mannheim-Ludwigshafen, on transforme l’amoniaque en acide nitrique pour fabriquer des poudres. Les Allemands importent du cuivre américain livré en Hollande, du fer suédois, du chrome turc. Ils utilisent les mines francaises de Briey, abandonnées sans combat.

Les français créent des ateliers, petits et grands, sur tout le territoire: on fabrique de la poudre à Moulin-Blanc, près de Brest, des obus à Montauban. Des États-Unis sont importés des milliers de tonnes de poudres. 500 000 paires de chaussures pour les soldats.

Des chevaux, aussi : il en faut 20 000 de plus par mois, pour compenser les pertes. L’armée française seule en utilise désormais 600 000, et l’armée belge 40 000. Pour le ravitaillement, l’Allemagne trafique avec la Hollande et le Danemark, la France importe du blé et de la viande d’Argentine. D’immenses troupeaux de boeufs et de moutons campent dans Paris en 1914.

Quelques phases de la fabrication d'obus  ans une usine française

A Paris, stockage d’obus destinés à l’aritllerie lourde.

Quelques phases de la fabrication des obus dans une usine française.

DÉCEMBRE 1914

LE PREMIER NOËL DE GUERRE

La guerre continue. Force est de fêter Noël dans les tranchées, de dire la messe de minuit sous la tente. Sur le front de l’Aisne, les hommes s’interpellent de gourbi à gourbi. Ils boivent du vin bouché en mangeant de la dinde et du Camembert. Pour dessert, du chocolat collectés par les enfants des écoles.

Les fraternisations pendant la nuit de Noël ne sont pas rares. On échange le chocolat contre du tabac, le vin contre des cigares. On entend les Allemands chanter le vieux Stille Nacht, Tannenbaum, et les choeurs français répondre. Le nouveau pape Benoît XV ne vient-il pas de parler pour la paix ?

Joffre donne des ordres pour que les officiers français ne fassent pas la trêve de la guerre en se rendant à la messe de minuit dans la petite église de Thann, dans les Vosges. Il ne faut pas attirer les obus sur la ville, explique-t-il. Il fait censurer dans les journaux la demande d’arnistice de Noël formulée par le Sain-Père. La guerre doit continuer.

Un abre de Noël dans une tranchée allemande.

Le front russe en décembre 1914. Le froid et la neige, malgré les souffrances qu’ils occasionnent, réservent quelques occasions de délassement aux soldats allemands.

Des Prussiens font de la luge sur le front russe.

Noël au 226e régiment d’infanterie dans le secteur de Carency (Pas-de-Calais). Dessin de Jean Droit. En mai-juin de l’année suivante, le secteur entier sera le lieu des violents combats d’Artois.



22/04/2013
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