LA GRANDE GUERRE 1914-1918

LA GRANDE GUERRE 1917

1917

1917: Tous les fronts sont bloqués, à l’Ouest comme à l’Est, en Turquie comme en Russie, en France et en Italie comme à Salonique. La révolution russe de février ne provoque pas encore de graves désordres dans la carte de la guerre, puisque la nouvelle République ne cesse d’être belligérante. Mais la reprise de la guerre sous-marine entraîne, en avril, l’entrée en guerre des État-Unis et les premiers débarquements des doughboys en France.

Ce renfort est opportun, après la vague de mutinerie qui affaiblit l’armée française, saignée à blanc par l’affaire manquée du Chemin des Dames en avril-mai. Les offensives sont impossibles à l’Ouest avant l’arrivée des renforts américains et la sortie des chars et des avions. Après la révolution d’Octobre, la Russie se retire de la guerre. Les troupes allemandes de l’Et refluent vers l’Ouest: l’assaut final se prépare, alors que les alliés turcs et austro-hongrois de l’allemagne chancellent, en proie à des troubles intérieurs.

Soldat canadien revenant du front, couvert d’argile. À Vimy en avril 1917, les Canadiens écrivent leur plus belle page de gloire dans le conflit.

MARS 1917

LA RÉVOLUTION RUSSE

L’émeute de la faim qui éclate le 8 mars (calendrier occidental) à Petrograd dégénère rapidement en révolution, quand la mutinerie du régiment Volinski entraîne la défection des troupes et l’instauration d’un cabinet libéral bourgeois présidé par le prince Lvov. Le Tsar, dont les généraux ne veulent pas accepter le risque de guerre civile, est contraint de partir. Il abdique le 15 à minuit, dans son wagon d’état-major à Pskov. Le grand-duc Michel, son frère, renonce à son tour au trône.

La Russie restera-t-elle dans la guerre ? Le ministre des Affaires étrangères, Miliokov, l’assure aux Alliés. Mais Lénine, de son exil suisse, proclame que les prolétaires veulent la paix. Le Soviet de Petrograd ordonne le partage des terres entre les paysans et veut obtenir l’ouverture de négociations avec l’Allemagne.

Les régiments sont décapités par la démission des officiers tsaristes. La discipline n’existe plus. Des détachements de propagande allemands et autrichiens expliquent aux soldats, dans les rencontres de fraternisation, qu’ils doivent rentrer au village pour bénéficier du partage des terres. L’armée russe, démoralisée, ne compte déjà plus.

Nicolas II (1868-1918) dans le parc du château royal de Tsarskoïe Selo, près de Petrograd. Depuis le 22 mars, il y est prisonnier de son ancienne armée.

Petrograd, mars 1917. La foule défile devant le Palais d’hiver, en l’honneur de la liberté recemment reconquise. Les militaires se mêlent aux civils. L’enthousiame patriotique règne encore en Russie.

Milioukov(1859-1943)

Ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire. Dans une note du 1er avril, il assure aux Alliés que la Russie poursuivra la lutte jusqu’à la victoire.

Mars 1917. Après une des journées sanglantes de mars, un factionnaire garde les corps des victimes de la Révolution. Elles serontenterer au Champs de mars le 5 avril, devant un million de personnes. La mise en bière de chaque cercueil sera saluée d’un coup de canon tiré depuis la forteresse Pierre-et-Paul.

JANVIER-AVRIL 1917

LA REPRISE DE LA GUERRE SOUS-MARINE

En torpillant tous les navires, y compris les neutres, dans les zones du blocus alliées, le commandement allemand se fait fort d’affamer la Grande-Bretagne et de l’acculer à la paix. L’Empereur et la diplomatie allemande doivent accepter le Diktat de l’État-major et bafouer les promesses faites à Wilson: le 9 janvier, Guillaume II a donner l’ordre de reprendre la guerre sous-marine.

Le début des opérations est fixé au 1er février. Wilson remet ses passeports à l’ambassadeur d’Allemagne mais ne déclare pas encore la guerre, à laquelle il doit préparer le pays. Il souhaite faire revenir l’Allemagne à la raison. Il attend une provocation délibérée pour se décider.

Les succès de la campagne des sous-marins sont spectaculaires: 540 000 tonneaux sont coulés en février, 578 000 en mars, 874 000 en avril. Les mesures prises par l’amiral Jellicoe sont inefficaces. Le groupement des navires en convois protégés les fragilise, en les désignants aux coups des sous-mariniers. Sur 142 engagements avec des torpilleurs, 6 seulement provoquent la perte du sous-marin. Les résultats dépassent les prévisions. L’Allemagne est en passe de gagner la guerre sur mer.

Juin 1917. Un petit sous-marin allemand apporte les nouvelles à un sous-marin de haute-mer. La politique de construction allemande adapte les submersibles à la tâche et au théâtre d’opérations: côtiers ou océaniques, torpilleurs ou poseurs de mines. Trente-huit types de U-Boote sont ainsi développés jusqu’en 1918.

Juin 1917. Un petit sous-marin allemand apporte les nouvelles à un sous-marin de haute-mer. La politique de construction allemande adapte les submersibles à la tâche et au théâtre d’opérations: côtiers ou océaniques, torpilleurs ou poseurs de mines. Trente-huit types de U-Boote sont ainsi développés jusqu’en 1918.

Le Deutschland, un cargo sous-marin capable de transporter 740 tonneaux conçu en 1916.

AVRIL 1917

L’ENTRÉE EN GUERRE DES ÉTATS-UNIS

Les exportateurs américains, victimes de la guerre sous-marine, commence à souhaiter l’entrée en guerre des États-Unis parce qu’ils ne vendent plus leurs armes, leur coton, leur blé, leurs machines aux Alliés. Ils rejoignent dans leur indignation les banquiers privés, comme Morgan, qui ont avancé de très fortes sommes aux Alliés et souhaitent leur victoire.

 La maladresse de la diplomatie allemande. Qui encourage la lutte du Mexique contre les États-Unis, le torpillage de deux navires américains de commerce, l’Algonquin et le Virgilentia, mettent le feu aux poudres. Wilson, qui avait déjà accepté d’armer les cargos américains, obtient du Congrès américain l’entrée en guerre, le 6 avril 1917.

Le service obligatoire doit fournir un million d’hommes en 1918. Il est admis que les États-Unis ne mèneront pas seulement la guerre sur mer, mais qu’ils interviendront en Europe de toutes leurs forces. Ils entraînent dans la lutte nombre d’États américains et la Chine. Ils souhaitent aussi une proche victoire sur l’Allemagne. Mais les sous-marins laisseront-ils les transports de troupes débarquer les Doughboys dans les ports anglais et français? Une course de vitesse est désormais engagée avec l’État-major allemand. Londres et Paris décident de prendre les devants, craignant l’arrivée trop tardive des renforts américains: ils lancent une dernière offensive, prévue pour avril, celle du Chemin des Dames.

2 février 1917. Le président Wilson annonce la rupture des relations diplomatiques avec l’Allemagne. Le 2 avril au Sénat, le 6 à la Chambre des représentants, il obtient l’entrée en guerre.

6 avril 1917. A la faveur de l’entrée en guerre des États-Unis, des milliers de jeunes gens se précipitent dans les rues de New York pour manifester leur contentement.

Les Américains représentent un facteur inédit dans la guerre: une démocratie placée en dehors du jeu traditionnel des alliances politiques et familiales. Une nouveauté perçue par Abel Faivre dans cette caricature.

Le 19 avril 1917. Parade monstre dans les rues américainnes: plus de 75 000 Américains manifestent pour stimuler les enrôlements. Wilson favorise une propagande aussi intensive que nécessaire. En juin 1917, il manque encore 70 000 hommes à l’armée américaine.

Un poste de recrutement de l’US Army dans les rues de New York. A défaut de volontaires, la loi du 28 avril instaure la conscription des hommes de 21 à 30 ans.

AVRIL 1917

NIVELLE OBTIENT LE FEU VERT

En décembre 1916, une conférence militaire interalliée a décidé d’engager une grande offensive des Anglais sur la Somme, des Français sur l’Aisne. Les Italiens, les Russes, les rescapés de l’armée roumaine doivent aussi attaquer. On recherche à l’Ouest une bataille de rupture. Neville en est chargé.

Il promet de percer en deux jours, avec des moyens techniques nouveaux, les chars, les tracteurs à chenilles, les avions reliés aux batteries par radio. Il promet des miracles. Il réussi à obtenir l’appui des Anglais, dont le concours sera moins important que prévu, Haig voulant conserver des forces pour attaquer dans les Flandres.

Hindenburg, qui commande désormais sur le front de l’Ouest, a pris les devants en raccourcissant sa ligne fortifiée, une première fois le 25 et 25 février, puis, amplement, dans la nuit de 12 au 13 mars. Ce repli stratégique déconcerte les Alliés, qui doivent revoir leurs plans.

Le gouvernement Briand, responsable de l’opération, démissionne le 14 mars, avant que l’action ne s’engage. Ribot, qui lui succède, accepte de poursuivre à l’instigation de Poicaré. Malgré les réticences du ministre de la guerre Painlevé et de quelques généraux, dont Pétain. Nivelle obtient sa liberté d’action à Compiègne le 6 avril. Les ordres sont donnés: dès le 9 avril, et le 16 dans les lignes francaise.

Le général Robert Nivelle (1856-1924) à son bureau. Colonel en août 1914, ce général polytechnicien adû son ascension fulgurante à la méthode offensive éprouvée à Verdun en octobre et décembre 1916.

19 mars 1917, à Bapaume. Alors que les ruines fument encore et que des combats se déroulent dans les faubourgs, la fanfare du 19e bataillon entre sur la grande place, à la tête des troupes australiennes.

La détresse des libérées: à Frétoy, dans l’Oise, des soldats français aident une octogénaire à passer un pont démoli.

17 mars 1917. Au deuxième jour du retrait allemand sur la ligne Hindenburg, les Français occupent Roye. Ils sont accueillis en libérateurs par la population, dans une ville volontairement dévastée sur l’ordre du haut commandement allemand.

AVRIL 1917

LES CANADIENS À VIMY

Haig devait finir par tenir ses engagements, en dépit de ses réticences, et attaquer le 9 avril comme prévu: la IIIe armée remonterait la Scarpe, couverte par les Canadiens de la 1e armée qui avaient pour tâche de prendre la butte de Vimy. La Ve armée attaquerait de concerve, à l’est de Bapaume. Le corps australien interviendrait ensuite. Cette offensive sur la Scarpe était destinée à fixer les divisions de réserve allemandes, en attendant l’opération principale, menée par les Francais sur le Chemin des Dames.

Les généraux Horne et Allenby avaient attaqué le long de la rivière, avec l’aide des tanks qui avaient fait leur apparition sur le front dès 1916. Quatre divisions canadiennes avaient été nécéssaires pour prendre la butte rouge de Vimy, truffée d’abris bétonnés et de nid de mitrailleuses. Les Canadiens avaient fait 10 000 prisonniers, mais ils accusaient de très lourdes pertes. Les Australiens, qui venaient en renfort, avaient été si éprouvés qu’on du les retirer du front. Les Anglais, s’ils n’avaient pas réussi à percer, avaient douloureusement rempli leur contrat: Aux Français de prendre le relais.

Avril 1917. Des éclaireurs cyclistes anglais vont en avant surveiller les mouvements des Allemands en retraite. Tout autour, les ruines laissées par l’ennemi. Mais surtout la boue, qui va marquer les combats des britaniques en 1917, de Vimy à Passchendaele.

Un convoi de ravitaillement de l’artillerie canadienne sur la crête de Vimy. L’attaque du 9 avril a été préparée par un bombardement intensif de cinq jours, qui explique largement son succès.

Le 16 avril 1917, à la fin de la bataille d’Arras. Des Britaniques blessés reviennent du combat, soutenus par leurs camarades et par des prisonniers allemands. Du 9 au 14, 13 000 Allemands ont été pris. Même s’ils n’ont pas réalisé la percée décisive, les Britaniques viennent d’accomplir leur plus belle avancée depuis le début de la guerre des tranchées.

AVRIL 1917

LE MASSACRE DES 15 ET 16 AVRIL

Le 16 avril, les trente divisions des Ve et VIe armées, Mazel et Mangin, se jettent à l’assaut du Chemin des Dames, sur le front de 70 km, de L’Oise à la montagne de Reims. Nivelle comptait sur la surprise: les Allemands sont renseignés. Ils comptait sur la préparation d’artillerie: le mauvais temps comdamne les aviateurs à l’impuissance. Il croyait enlever d’un bond les deux positions: les unités parviennent tout juste à forcer la première, au prix de très lourdes pertes. La seconde position n’est détruite que dans la dépression entre Craonne et Berry-au-Bac.

Les Français se sont fait massacrer par le tir des mitrailleuses sous abris, que les tirs de 155 n’ont pas réussi à éliminer. Les Allemands sont restés à l’abri du bombardement dans les cavernes fortifiées comme la caverne du Dragon, sur le Chemin des Dames, qui avaient des sorties au nord et au sud, permettant de tirer dans le dos des grenadiers et fusiliers français qui avaient réussi à franchir la première ligne. Les troupes coloniales de Mangin ont été décimées pour un très mince profit.

À Paris, le parlement s’émeut: Neville n’a pas réussi. On parle autour du ministre Painlevé d’une hécatombe. Faut-il poursuivre?

Les préparatifs de l’offensive du Chemin des Dames: on remplit les caissons assurant le transport des munitions entre le dépôt et les batteries en ligne. Un barrage roulant massif est censé assurer la percée française.

Nivelle compte sur les armes les plus modernes pour réussir, par exemple ce lance-flammes portatif.

Le départ des Français entre la ferme de Froidmont et l’épine de Chevreghy. La progression sur le plateau a pour objectif la vallée de l’Ailette. Au 5 mai, 135 000 Français auront été mis hors de combat.

Au soir du 16 avril, les chars rescapés reviennent du Chemin des Dames. Aucun des 132 chars Saint-Charmont engagés n’a pu percer: 57 ont été détruits, 64 endommagés, 11 demeurent idemnes.

MAI 1917

L’ÉCHEC DE MAI

Nivelle ne veut pas perdre la face, le gouvernement non plus Haig demande la poursuite de l’offensive, qui lui permettra d’attaquer dans les Flandres, selon son projet initial. Painlevé accepte la relance de l’offensive, avec des buts plus limités: s’assurer de la ligne du Chemin des Dames et des monts de Champagne, pour protéger Reims. La Xe armée de Micheler et la IVe d’Anthoine, sous la responsabilité de Pétain, attaqueront du 30 avril au 5 mai.

De nouveau les fantassins se lancent à l’assaut de positions très protégées, de véritable forteresses truffées de mitrailleuses et de Minenwerfer. Les Russes perdent l’essentiel de leur effectif dans la montagne de Reims. Le 9 mai, les Français comptent leurs morts: au moins 30 000 tués et plus de 100 000 blessés, tel était le lourd bilan d’une offensive que l’on croyait décisive. Vingt-quatre divisions d’infanterie étaient complètement usées et 17 avaient du être remplacées. Les chars engagés dans la trouée de Berry-au-Bac et au moulin de Laffaux avaient joué un rôle utile, mais ils n’avaient pu emporter la décision. Quant au tracteurs à chenilles promis à Nivelle, ils n’étaient pas au rendez-vous.

Des chars Saint-Chamond traversen le village de Dommiers, vers le front.

Un tank français écrasé pendant l’attaque. Les pannes, l’inexpérience de l’infanterie dans ce nouveau type de guerre, les pièges tendus par les Allemands, où les chars immobilés sont soumis à un pilonnage massif, tous ces éléments expliquent un échec cuisant.

La tranchée de Flensburg au Mont Comillet (cliché aérien pris le 13 mai 1917). Le martelage de l’artillerie a permis aux Français de conquérir le Mont le 17 avril, avant que, quelques heures plus tard, les Allemands, parfaitement à l’abri dans la ligne Hindenburg, ne les en chassent.

MAI-JUIN 1917

LES MUTINERIES ET LES GRÈVES DE L’INDUSTRIES DE GUERRE

Les mutineries de mais et juin 1917 sont une grève de la guerre. Elles affectent les unités placées sur la ligne du Chemin des Dames, qu’elles aient ou non été mêlées à l’offensive.

Dès le 16 avril, on note à l’État-major plusieurs refus de monter en ligne. mais le mouvement commence le 20 mai et gagne le proche en proche toutes les unités en ligne ou à l’arrière immédiat du Moulin de Laffaux à Auberive, sur les zones des IVe, Ve, VIe et Xe armées. Les tranchées sont tenues et l’ennemi n’attaque pas. Mais les fantassins refusent d’en sortir. C’est la grève des bras croisés.

Deux régiments parlent de marcher sur Paris. Le général Tauffleb doit affronter 200 mutins. Les officiers sont molestés quand ils veulent faire arrêter les meneurs.

Le mouvement se calme à la fin de juin. Pétain, général en chef depuis le 15 mai, réduit les condamnations à mort à 45, dont 43 sont suivies d’exécutions. L’un des condamnés se suicide. Le dernier, Vincent Moulia, un médaillé militaire, réussit à fausser compagnie aux gendarmes. Désormais, dans les lignes, le tour de permission est affiché, le ravitaillement amélioré, les centres de repos aménagés. On découvre que le poilu a des droits.

En mais, les ouvriers des industries se mettent en grève, même dans les usines de guerre. Le mouvement gagne toutes les activités, y compris la couture. Les midinettes et les arpettes arpentent les Champs Élysées.

La hausse des salaires en sont l’objectif, en raison de la vie chère, mais la puissante Fédération des métaux dirigée par Merrheim, qui regroupe 200 000 adhèrents, demande aussi une action internationnale contre la guerre de conquête. Le bassin industriel de la Loire est touché: on ne tourne plus d’obus, on ne sort plus de canons dans les aciéries de Saint- Étienne et de Firminy. Le mouvement est européen: en Italie, Turin est en état de siège. En Allemagne 125 000 ouvriers sont en grève dans les fabriques de minutions. Le gouvernement militarise les usines. En France, le ministre de l’intérieur Malvy choisi la méthode douce de la négociation, pour éviter les incidents graves. Tout rentre dans l’ordre à la fin de juin et les 100 000 ouvriers et ouvrières retournent au travail, quand les mutineries sont brisées au front.

Exécusion d’un mutin. Un cliché célèbre, mais qui ne reflète pas la relative clémence du commandement: moins de 50 exécutions sur près de 24 000 mutinés.

JUIN-SEPTEMBRE 1917 

LE DERNIER SURSAUT DE L’ARMÉE ROUGE

Le ministre Kerenski veut reprendre l’offensive, seul moyen de ne pas laisser se dissoudre l’immense armée du Star, Il parcourt les lignes de tranchées pour ranimer le patriotisme des soldats. Il remplace Alexeiev démissionnaire par le populaire Broussilov. Il promet que cette offensive sera la dernière. Le 24 juin, il ordonne la marche en avant. Le 1er juillet, 23 divisions russes s’élancent à l’assaut. Des lignes austro-allemandes dans le secteur de Lemberg, sur un front de 40 km. Le succès est immédiat, car les Austro-Hongrois croient l’armée russe démobilisée, incapable du moindre sursaut. Broussilov fait ce jour-là 10 000 prisonniers.

Mais les soviets des régiments discutent le lendemain des ouvertures de paix. Deux divisions de réserve refusent de monter en ligne. Broussilov ne peut poursuivre: Il n’y a aucun moyen d’obliger les troupes à se battre, dit-il. Le 19 juillet, les Allemands contre-attaquent. Les Russes perdent 160 000 hommes et abandonnent de nouveau la Galicie. Au nord, le 3 septembre, le général von Hutier prend Riga à la XIIe armée russe. Les Allemands sont en mesure de s’emparer à la fois des pays Baltes et de l’Ukraine.

Kerenski (1880-1970) se déplace au front pour ranimer la vaillance des troupes désorganisées. On le voit ici lors d’une tournée en juin 1917. A droite: le généralisme Broussilov.

Un meeting au front au mois de juin, Kerenski a su conserver une armée, notamment en satisfaisant le goût des soldats russes, ivres de liberté, pour la délibération. Mais l’échec de juillet va mettre fin aux illusions.

L’assaut du 1er juillet, ici, la deuxième vague d’attaque, menée par le général Glouschkov (en haut). Il est tué une heure plus tard.

En août, les Russes abandonnent le front en masse. Les toits mêmes des wagons sont couverts de soldats.

2 septembre 1917: les troupes allemandes de von Hutier passent la Duna vers Riga. Leurs offensives met pratiquement fin à la guerre germano-russe. Elles préfiguent aussi les coups de boutoir lancés en France l’année suivante.

MAI-OCTOBRE 1917

PÉTAIN LANCE LES MINI-OFFENSIVES

J’attends les Américains et les chars, dit Pétain en mai 1917. Il cherche cependant à relever le moral de l’armée francaise par des offensives limitées, employant de gros moyens d’artillerie, dans des secteurs où la supériorité numérique des assaillants est écrasante.

Il réussit ainsi à lancer dans le secteur de Verdun une mini-offensive sur la rive gauche de la Meuse qui aboutit à la reprise du Mort-Homme en août. En octobre, les mêmes moyens sont utilisés sur le site maudit du Chemin des Dames. Les Francais réussisent à s’emparer du plateau de la Malmaison. Pétain utilise dans ces attaques les premiers chars légers d’accompagnement d’infanterie, à peine sortis des usines Renault. Il attend leur livraison en grand nombre et la montée en ligne des premières divisions américaines pour concevoir des projets plus ambitieux d’offensive. Mais il sait qu’il devra faire face, si l’armée russe fait défection, à un retour vers l’Ouest des divisions allemandes du front oriental. Une raison de plus pour ménager ses effectifs.

Le général Pétain (1856-1951) décore les drapeaux des 51e et 87e régiments d’infanterie, qui s’illustrent le 20 août dans la reprise de la côte 304 à Verdun.

Des morts du 30e régiment d’infanterie, partis à l’assaut d’un chemin creux sur le plateau. Progressant de trou d’obus sous le feu des mitrailleuses, les hommes sont souvent tués d’une balle dans la tête, lorsqu’ils émergent pour faire le coup de feu. On peut voir le trou de sortie de la balle dans le crâne d’un poilu.

Les prisonniers allemands affluent, souvent des blessés pitoyables. Au premier plan, les Français s’apprêtent déjà à s’élancer à nouveau, vers la côte 156.6.

La section de Goutard vient d’arriver sur l’objectif, dont elle retourne immédiatement le talus.

JUILLET-DÉCEMBRE 1917

LES TANKS DE CAMBRAI

Le général Haig a retenu la leçon du Chemin des Dames et appliqué la nouvelle doctrine de Pétain: les mini-offensives. Il réussit en juin à enlever la côte de Messines sur un front de 16 km. Il divise sa grande attaque des Flandres en opération ponctuelles, déclenchées l’une après l’autre, pour user la résistance ennemie.

Du 22 juillet jusqu’à la fin d’octobre, l’armée britannique est sans cesse à l’assaut. L’attaque la plus spectaculaire, est celle du groupe blindé de Cambrai, la première de l’histoire: 400 tanks avancent en novembre sur les lignes de von Marwitz, précédés des chars grappins pour arracher les barbelés, de chars à fascines pour combler les tranchées. Les tanks pèsent 28 tonnes et leurs réservoirs contiennent 340 litres d’essence. Les Allemands les attaquent au canon: 179 sont détruits, 65 incendiés, 43 s’embourbent et 71 tombent en panne. Pour tenir les positions conquises par les chars, les Britanniques perdent 44 000 hommes et les Allemands 41 000. A quoi bon les chars?

Les quelques succès sont chèrement payés, comme la prise de Passchendaele en août. Les Allemands, constamment contraints de contre-attaquer, useront leurs réserves dans ces opérations ponctuelles. Mais l’armée anglaise en sort aussi sérieusement affaiblie.

20 octobre 1917: un train de tanks britanniques Mark IV attend de partir à la bataille de Cambrai. Sur leurs toits, les fascines destinées à les dégager au cas où ils s’embourberaient où seraient arrêtées dans une tranchée.

Les Anglais sur la route de Menin, dans la bataille de Passchendaele. Ces troupes des comtés du Nord attendent dans une tranchée d’appui leur tour pour marcher en avant.

OCTOBRE 1917

LE DÉSASTRE DE CAPORETTO

Pour ressouder l’alliance austro-allemande, Hindenburg décide d’aider l’armée Kund K à obtenir une victoire sur le front italien. Sept divisions allemandes aideront 6 divisions austro-hongroises à percer sur le front de l’Isonzo.

Le général allemand Otto von Below, qui commande l’opération, a bien calculé son itinéraire. Le 24 octobre 1917, les colonnes d’assaut attaquent dans les vallées, ouvrent une brèche à travers la montagne: c’est le désastre de Caporetto.

La IIe armée italienne est en pleine déroute. Les déserteurs se réfugient jusque dans les forêts des Abruzzes par dizaines de milliers. La IIIe armée du duc d’Aoste réussit à décrocher, non sans pertes, mais elle ne peut tenir sur la ligne du Tagliamento. Les retards de Conrad von Hötzendorf permettent au général Cadorna d’organiser une ligne de résistance solide sur la Piave. En novembre, son successeur Diaz y recevra le secours d’une douzaine de divisions franco-britaniques. Il a grand besoin d’effectifs, les Italiens ayant perdu à Caporetto 293 000 soldats et plus de 3 000 pièces d’artillerie. Avant longtemps, l’armée italienne ne pourra reprendre l’offensive.

24 octobre 1917: les troupes austro-allemandes font précéder l’offensive de Caporetto d’une attaque aux gaz. L’inefficacité des masques à gaz italiens est en effet notoire. L’utilisation des cylindres à gaz, illustrée ici, est archaïque et dangereuse, à cause des vents tournants. Depuis 1916, on préfère les obus à gaz.

L’arrivée d’un bataillon français à Castelfranco, noeud vital de communication, à l’arrière de la IVe armée italienne, qui résiste sur la Piave. A la mi-novembre, le général Fayolle prend le commandement des troupes françaises d’Italie. Le 3 décembre, les troupes françaises et britanniques sont en ligne.

FIN 1917

LA VICTOIRE NAVALE DES ALLIÉS

L’Allemagne doit être affamée par le blocus. L’objectif de l’amirauté britannique se trouve renforcé par l’entrée en guerre des États-Unis: tous les navires allemands internés dans les ports des nouveaux alliés sud-américains sont saisis et utilisés au profit des Alliés. Les arsenaux nord-américains quadruplent la flotte de commerce de l’Union.

Les sous-marins allemands s’essoufflent: le tonnage coulé baisse d’un mois sur l’autre, Ils ne sont plus que 84 à opérer en mai 1917, contre 102 en avril: les submersibles doivent être l’objet de longues révisions. Les Anglais ont organisé la défense: 100 000 mines ont constitué les lignes de barrages en mer du Nord. Huit mille navires légers ont été affectés à la chasse anti-sous-marine. Les torpilleurs escortent tous les convois, disposant d’une écoute sous l’eau de plus en plus efficace. Même si les Allemands coulent encore 351 000 tonneaux de navires allié ou neutres en septembre, c’est à 30 millions de tonneaux qu’est évaluée l’armada de commerce alliée. Les Allemands n’ont donc pas les moyens de lutter efficacement contre le blocus de leurs côtes occidentales. Ils doivent rechercher des ouvertures à l’Est.

Un sous-marin allemand échoué sur les côtes du Pas-de-Calais et détruit par son équipage. En octobre 1917, pour la première fois, les pertes allemandes dépassent le niveau des constructions de submersibles.

Les Américains apportent à la lutte anti-soumarine leur sens de l’organisation et leur capacité industrielle. Des types de chasseurs d’U-Boote, qui patrouillent les côtes de la Nouvelle-Angleterre.

Un canon anti-sous-marin.

NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1917

LES ALLEMANDS SEULS MAÎTRE À L’EST

Dans la nuit du 6 au 7 novembre (calendrier occidental) éclate la révolution bolchevik à Petrograd. Seuls les élèves des écoles militaires défendent le Palais d’hiver. L’armée refuse de soutenir le gouvernement Kerenski. Du quartier général, le général Doukhonine annonce que les régiments du front ne manifestent pas le désir de soutenir le gouvernement contre l’emprise bolchevik. Kerenski s’enfuit le 14: la révolution est faite. Le 20 novembre, Lénine décide de demander la paix. Le cessez-le-feu est décrété le 5 décembre, après l’entrevue de Brest-Litovsk. Les négociations traînent pendant deux mois. Les Austro-Allemands obtiennent d’abord le 9 février 1918 un traité de paix avec l’Ukraine. Devenue autonome, qui leur promet des livraisons d’un million de tonnes de blé. Les troupes d’Hindenburg ont déjà occupé la Finlande et les pays Baltes. Le Kaiser, excédé des réticences des Russes, donne à l’armée l’ordre de reprendre son avance le 18 février.

Le 3 mars, Lénine signe la paix de Brest- Litovsk. La Russie abandonne la Pologne, les pays Baltes, et reconnaît la paix germano-ukrainienne. Le 5 mars, par les préliminaires de Buftea, l’Allemagne obtient la soumission de la Roumanie et d’importantes livraisons de blé et de pétrole. Les Austro-Allemands se sont ouverts l’espace économique oriental. Ils ont les moyens de poursuivre la guerre jusqu’à la victoire.

Avant Brest-Litovsk, les Allemands ourent une brèche dans les lignes pour l’arrivée des délégués russes.

Les Allemands dans la boue de Minsk, capital de la Russie blanche, occupée en mars 1918.

Mars 1918. Les Allemands font une démonstration de leur tenue impeccable dans les rues de Kiev.

NOVEMBRE 1917

CLEMENCEAU AU POUVOIR

Le 16 novembre 1917, le président de la République Raymond Poincaré, pour résoudre une nouvelle crise ministérielle, confie le gouvernement à Georges Clemenceau, ancien député protestataire de 1871 qui n’a jamais accepté que l’Alsace et la Lorraine fussent allemandes. Dans un climat politique déconcerté et divisé par les négociations de paix séparée avec l’Autriche-Hongrie, la France affirme sa volonté de poursuivre la guerre jusqu’à la victoire.

Clemenceau établit aussitôt une terreur patriotique. Il fait arrêter l’ancien président du Conseil Joseph Caillaux, qui passe pour être un partisan d’une paix blanche: il est aussitôt interné à la Santé avant son jugement en Haute cour. L’espionnite fait des ravages: l’espionne Mata Hari a été fusillée le 15 octobre. Clemenceau avait déjà contraint à la démission et à l’exil le ministre de l’intérieur Louis Malvy.

Il mène une guerre brutale contre les traîtres, déjà arrêtés ou victimes de son offensive: le député Turmel, agent allemand, Bolo Pacha, un afairiste lié au Bonnet rouge, un journal acheté par l’ennemi, Le sénateur Humbert, directeur de l’influent Journal. Clemenceau constitue un gouvernement de combat, sans la participation des socialistes. Il s’installe lui même rue Saint Dominique, au ministère de la Guerre et compte sur Pétain et sur Foch, le chef d’état-major, pour préparer l’armée au choc qui l’attend, quand les Allemands lanceront leur offensive à l’Ouest, avec les troupes revenues de Russie.

Le président Clemenceau. La chasse au traître lui semble une priorité pour le redressement du moral francais.

Épilogue de l’affaire Caillaux: en 1920, il est jugé par la Haute cour, présidée par Léon Bourgeois. On le voit ici à l’audience du 17 février. A ses côtés, ses avocats Moutet, Demange et Moro-Giafferi. Il est condamné à trois ans de prison.

Eugène Almereyda, agent allemand et fondateur du journal Pacifiste le Bonnet rouge. Il est retrouvé mort dans sa cellule le 20 août. Clemenceau, qui n’est pas encore président du Conseil, utilise l’affaire pour mettre en cause le  ministre de l’intérieur Malvy.

Bolo Pacha, agent germanophile de l’encien khédive d’Égypte, Abbas Hilmi. Son arrêstation est le prélude à l’affaire Caillaux.

DÉCEMBRE-1917

LA GRÈCE DE VENIZÉLOS ENTRE DANS L’ALLIANCE

Les Alliés ont perdu la Roumanie, mais ils ont gagné la Grèce. Le général Sarrail, qui commande le corps expéditionnaire à Salonique, ne peut plus supporter la présence à l’arrière de ses lignes de bandes d’irréguliers grecs, ni la germanophilie du roi Constantin.

Les Francais prennent le 11 juin 1917 l’initiative d’un ultimatum demandant l’abdication du roi dans les vingt-quatre heures, sous peine d’un débarquement au Pirée. Le roi se soumet, accepte de quitter le pays. Le républicain patriote crétois Vénizélo entre à Athènes et constitue un gouvernement pro-allié. Des divisions grecques seront désormais engagées sur le front de Salonique, compensant la défection de la brigade russe.

Mais l’ermée d’Orient connaît un été difficile: elle n’échappe pas à la vague des mutineries et Sarrail doit réprimer la révolte du 242e régiment d’infanterie, qui proteste contre l’absence de permissions. Beaucoup de soldats sont en Orient depuis près de deux ans. Jamais le paludisme n’a plus durement frappé le corps expéditionnaire. La stagnation du front fait dire à Clemenceau que l’armée d’Orient ne sert à rien. Il remplace Sarrail par Guillaumat, qu’il charge de réorganiser le front et les arrières, et de dégager éventuellement des effectifs pour le front de l’Ouest.

Des mitrailleurs grecs de l’armée royaliste. Il porte un uniforme à l’allemande.

Des volontaires vénizélistes quittant Salonique pour rejoindre les Alliés.

La flotte alliée mouille au Pirée pour intimider le roi Constantin. On distingue, de gauche à droite, un croiseur italien, deux sous-marins français, et les croiseurs français Bruix et provence.

Le gouvernement provisoire favorable aux Alliés, installé à Salonique le 9 octobre 1916. De gauche à droite, l’amiral Coundouriotis, le premier ministre Venizélos, le général Danglis.

DÉCEMBRE 1917

LES ANGLAIS PROGRESSENT EN ORIENT

Le maréchal Edmund Allenby conquérant de la Palestine et de la Syrie. Il sera fait vicomte de Meggido, du nom de sa victoire de 1918.

Les Turcs en Palestine en 1917: la boulangerie de campagne, au milieu du désert du Néguev.

 

Au début de 1917, les Russes tiennent encore leurs positions en Orient, notamment en Perse, où ils ont avencé très au sud. On voit ici les Cosaques faire jonction avec les Britanniques à Kasf-L-Shirin, au nord de bagdad.

Jérusalem, 11 décembre: Allenby félicite le colonel de Piépape, commandant de la colonne française du corps expéditionnaire.

Enjeu essentiel de la lutte en orient: le pétrole ici, les réservoirs du pipe-line Batou-Bakoum, convoités par les Turcs.

FIN 1917

LA GUERRE INDUSTRIELLE

En Russie, en Roumanie, au Proche-Orient, les puits de pétrole sont devenus un enjeu majeur. Les Alliés ont perdu les champs pétrolifères roumains, ils veulent disputer aux Allemands ceux du Caucase et de l’Orient. Ils ont besoin de carburant pour les camions de l’armée, les tracteurs, les chars, les automitrailleuses, qui sortent chaque jour plus nombreux des usines. La guerre est devenue industrielle. Pétain a commandé 3 500 chars Renault.

L’artillerie d’assaut est devenue indispensable dans les offensives de l’Ouest, pour faire pièce aux fortifications de campagne allemandes. L’aviation ne se contente plus d’observer les lignes ennemies: la chasse attaque les troupes au sol à la mitrailleuse, les bombardiers pilonnent les gares de rassemblement et les voies ferrées.

Pétain mise sur l’aviation, exige la construction d’escadres de bombardement de nuit de Bréquet 14 B2. Les usines françaises doivent livrer les nouveaux chasseurs Spad VII, et Spade XIII, rivaux de l’Albatros DIII, à raison de 13 000 exemplaires. Mais, au début de 1918, les Anglais alignent seulement 600 chasseurs, les Français 900 en face des 1 500 appareils allemands. Un immense effort reste à faire pour compenser des effectifs alliés par une supériorité matérielle. Mais il faut aussi s’adapter à la tactique allemande.

Un char Renault F.T. Canon.

Un atelier de montage de canons et de tourelles aux usines Schneider du Creusot.

Les premiers avions de l’armée canadienne, montés aux usines Aero, à Toronto.

FIN 1917

STOSSTRUPPEN CONTRE CHAMPS DE BATAILLE D’ARMÉE

Les Allemand ne comptent pas que sur leur supériorité en divisions pour l’emporter à l’Ouest. Ils ont mis au point une nouvelle technique d’attaque, qui leur permet de percer n’importe qu’elle ligne fortifiée, grâce à l’utilisation de troupes d’assaut (Stosstruppen) spécialement entraînées. Le 2e bureau francais a appris l’existence en Alsace de camps d’entraînement (kampfdschulen) divisionnaires, où les jeunes soldats sont soumis en un dressage de six semaines. Armée de fusil-mitrailleurs, de grnades, de mitrailleuses portables, de lance-mines et de lance-flammes, ils doivent occuper le terrain aux moindres frais, bénéficiant du feu roulant parfaitement synchronisé de l’artillerie et de l’appui constant des Minewefer.

L’attaque joue sur la surprise: une préparation d’artillerie violente mais très brève, sur un front court, précède l’assaut. Elle accable également d’obus les lieux de passage de renforts, les biplaces de reconnaissance Rumpler sont équipés des premières caméras à moteur électrique Siemens et du matériel photographique Zeiss. Les chasseurs Albatros foncent à 200 km/h sur les observateurs ennemis. Les escadrilles sont équipées de liaisons radio. Ludendorff dispose à la fin de 1917 de 56 Sturmdivisionnen prêtes pour la percée.

L’armée française n’a pas de Stosstruppen. Pétain encourage les soldats délite, grenadiers et voltigeurs dignes de l’insigne d’or des combats de première ligne. Clemenceau a décidé d’organiser un critérium interallié de combat à la baïonnette, corps à corps, et lancement de grenades. Mais, selon Pétain, le fantassin français n’a pas besoin de détachements d’entraîneurs pour donner l’assaut. Le général en chef est concient de la nouveauté de la technique allemande de percée. Aussi lance-t-il une instruction aux armées recommandant l’organisation en profondeur du champ de bataille, pour ne pas user toutes les forces en première ligne: il convient au contraire de laisser l’ennemi s’avancer, de le retenir sur des positions préparées à l’arrière, et de contre-attaquer en s’appuyant sur des môles de résistance puissament constitués aux ailes.

Des travailleurs chinois, italiens maghrébins, annamites, sont fournis en grand nombre pour aménager les champs de bataille d’armée. Mais tous les généraux français ne sont pas d’accord: Foch tient pour la résistance acharnée sur la première ligne. Clemenceau visite féquemment le front pour se rendre compte lui-même de l’état des travaux. Il peste contre les retards des divisions américaines.

Les Français sont passés maîtres dans l’art du camouflage: le cirque de Châlon-sur-Marne, où la IVe armée entrepose branchages et faux rochers.

Les Stosstruppen à l’entraînement. Ludendorff organise des manoeuvres divisionnaires pour ses troupes d’assaut, comme ici à Sedan en février 1918, où le thème est l’attaque en terrain élevé avec support d’artillerie.

FIN 1917

L’ARRIVÉE DES AMÉRICAINS EN FRANCE

À partir de juin 1917, date des premiers débarquements de doughboys dans les ports de l’ouest, les Français découvrent la guerre à l’américaine. Pas question pour le général Pershing d’engager son armée dans les amalgames que propose Pétain. Ses unités doivent combattre seules dans leur secteur, sous leur drapeau. Elles ne monteront en ligne que convenablement instruites, après avoir reçu leurs 75 et leurs 155 français, et leurs avions Spad.

Avant de combattre, construire: les pelleteuses, les Scrapers et les rouleaux compresseurs agrandissent le port de Brest, constrisent un camp pour 50 000 soldats surveillés par les M.P. à cheval. Deux itinéraires ferroviaires sont affectés au transport des divisions à partir de Bordeaux, Saint-Nazaire, Brest. Des régiments de génie, de la télégraphie, de l’intendance mettent en place les voies de communication et les relais, avec une usine frigorifique près de Tours  capable de fournir  500 tonnes de glace par jour et de stocker 16 millions de rations.

Le 15 septembre, 1 000 officiers apprennent dans les états-majors français les règles de la guerre de position. La première formée, commandée par le général Sibert, de Sommerviller. Pour les Américains, c’est le baptême du feu. Mais seront-ils assez nombreux au rendez-vous de l’offensive allemande de 1918?

Boulogne-sur-Mer, 13 juin 1917: l’état-major de la 1er armée américaine arrive en France, à bord du transport Invicta. A sa tête, le général Pershing.

Les premiers bataillons américains sont à Paris le 3 juillet, veille de l’independance Day. A la caserne de Reuilly ont lieu les premières fraternisations entre Teddies et poilus.

Les troupes de Pershing sont inexpérimentées. Force est donc de les entraîner durant de longs mois. Ici les soldats de la 42e division, protégés par des masques à gaz, s’exercent au lancer des grenades.

Le canon qui a tiré le premier coup de feu américain sur le front français : le 23 octobre 1917, le 6th Field Artillery était engagé à Somerviller, près de Nancy. 



28/04/2013
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